Au sommaire

  • Un édito consacré à la réponse à deux questions qui nous sont posées de temps en temps sur notre vision de l’égalité entre filles et garçons,
  • Quelques infos sur l’actualité EgaliGone de janvier,
  • L’agenda égalité de février,
  • La lecture du mois : “Roman à l’eau de bleu” d’Isabelle Alonso,
  • Une proposition de changement d’habitude de langage : l’accord se limite au masculin,
  • Une grande quantité d’informations relayées via facebook en janvier,
  • Tout pour nous rejoindre.

Edito : 

L’égalité est un objectif constitutionnel mais c’est aussi une ambition, dont on s’approche par l’obtention de droits toujours à défendre, fragilisés par les un·e·s et tenus pour acquis ou pour accessoires par d’autres. Le mois de janvier a été marqué par l’adoption de la loi pour l’égalité réelle entre les femmes et les hommes, mais aussi par l’expression de peurs et des réponses sur les enjeux et les formes d’une éducation à l’égalité entre filles et garçons. Une page sera donc bientôt consacrée aux questions les plus couramment posées lors de nos interventions ou de la présentation de notre activité. Nous partageons ici deux premières questions et les réponses apportées ce jour (par Violaine Dutrop-Voutsinos, présidente de l’Institut EgaliGone). 

“Vous voulez pousser les garçons à jouer à des jeux de filles et les filles à des jeux de garçons ?”

  • D’abord nous ne voulons “pousser” personne. Nous souhaitons autoriser tout le monde. L’idée est d’accroître les permissions (ce qui est possible seulement si le jouet est proposé) et de respecter les envies individuelles. Il s’agit en outre de développer la tolérance et la bienveillance de l’entourage des enfants et des enfants eux·elles-mêmes envers chaque autre enfant qui se distinguerait du groupe par ses goûts, ses aptitudes, ses envies… Ainsi chaque enfant s’autorise non seulement à s’intéresser à davantage d’activités, mais peut développer les compétences correspondantes. Comment vivriez-vous (ou avez-vous vécu) de renoncer à vous-même, à vos envies, à vos centres d’intérêt parce que vous êtes une fille/un garçon ?
  • Ensuite nous remettons en question les expressions “jeux de filles” et “jeux de garçons” parce que : 1) elles poussent les enfants à se conformer à cette attente ainsi exprimée, sous peine d’être remis·e·s en question comme garçon/fille ; 2) elles les poussent à rendre suspects les comportements qui ne seraient pas conformes, à les trouver bizarres, anormaux, voire à les rejeter ; 3) elles sont de pures créations commerciales (les catalogues pages roses / pages bleues datent des années 90) qui empêchent les enfants d’accéder à toutes les possibilités de développement ; 4) elles transmettent des idées reçues sur les filles et sur les garçons, pouvant conduire les enfants qui ne se reconnaissent pas dans ces idées reçues à un mal-être et les empêchant de devenir eux·elles-mêmes ; 5) elles masquent l’histoire des jouets en les montrant comme de tout temps associés à l’un des deux sexes.
  • En conclusion, nous souhaitons simplement que tous les jouets soient, dans les faits, accessibles – donc proposés sans distinction ni jugement – à tou·te·s les enfants, filles ou garçons. Les enfants ne devraient pas se sentir autorisé·e·s ou empêché·e·s de découvrir un jouet du fait de leur sexe.
  • Fille ou garçon : Mêmes chances au jeu ?, un quiz en ligne, mais aussi en cartes
    Fille ou garçon : Mêmes chances au jeu ?, un quiz en ligne, mais aussi en cartes

    Pour aller plus loin, vous pouvez lire la fiche-ressource : “Choisir un jouet aujourd’hui” ou tester vos connaissances avec Fille ou garçon : mêmes chances au jeu ?

“Vous voulez que les garçons aient des jouets rose et jouent à la poupée ?”

  • Pour nous le rose doit redevenir une couleur comme les autres, accessible à tout le monde, non réservée aux filles.
  • Un garçon qui aime le rose ne devrait pas se sentir stigmatisé, moqué, humilié. Ceci arriverait dans le cas où la personne moqueuse penserait dégradant d’aimer le rose, donc attribuerait une moindre valeur à ce qui est a priori féminin, et donc aux filles/femmes.
  • L’histoire des couleurs de l’enfance montre que ce sont les époques qui créent la symbolique des couleurs, la nôtre étant celle de la société de consommation et du marketing genré (le fait de s’adresser spécialement aux filles ou aux garçons, aux hommes ou aux femmes quand on cherche à vendre ses produits ou ses services).
  • Jouer à la poupée est une activité ludique essentielle pour le développement des filles comme des garçons, ceux-ci ayant joué à ce jeu autant que les filles à d’autres époques – Lire La poupée, un jeu pour filles et garçons.

EgaliGone en janvier

  • 4756 visites ont été comptabilisées sur notre blog en janvier, soit 153 visites quotidiennes en moyenne.
  • Petites améliorations sur notre site : la page de présentation a été enrichie par un texte décrivant notre projet, et la récente page soutiens a été complétée de plusieurs enseignant·e·s chercheur·e·s qui soutiennent notre action.
  • Le 19 janvier, a eu lieu notre Assemblée Générale, qui a permis de modifier la composition de notre Conseil d’Administration. Florence Allamanche et Fatima Roland, co-fondatrices d’EgaliGone en 2010, deviennent membres d’honneur, tandis que Cécile Boukabza et Thao Hoang rejoignent Karine Bertrand, Marion Ghibaudo, Solenne Chassagne et Violaine Dutrop-Voutsinos (photo Marion Ghibaudo). Leur présentation sera bientôt en ligne. Le rapport d’activité 2013 d’EgaliGone est désormais accessible en ligne.
  • Suite à la demande d’une enseignante qui cherchait à s’informer sur ce qui est derrière le mot genre dont on a entendu parler depuis quelque temps – mais pour de nombreuses personnes, pour la première fois via de récents SMS anonymes-, nous avons publié un billet intitulé S’informer sur le genre.
  • 31 janvier, animation du dernier atelier sur le cycle Jouets et égalité à l’accueil périscolaire de Ribambelle à Saint-Genis-Laval.

L’agenda Égalité de février

PARIS ou AILLEURS

  • Mardi 4 février à 18h30, Café de l’Institut Emilie du Chatelet : «Des mots pour le…la dire», rencontre-débat sur le sexisme linguistique et les évolutions genrées de la langue française. Café La Baleine, Jardin des Plantes, 47 rue Cuvier 75005 Paris (entrée libre). Plus d’infos
  • 7 février Bruxelles : Colloque Filles garçons, une même école ? Programme

Accès depuis partout

RÉGION LYONNAISE et plus :

  • 4 février, 15h30, Lyon – En attendant l’8 mars, par la Compagnie La nébuleuse, 5ème rendez-vous. “A travers une Remise de Prix inédite, les trois comédiens de la Cie La Nébuleuse rendent hommage aux femmes qui ont marqué l’Histoire par les combats qu’elles ont menés…souvent aux dépens de leurs vies. Strass, paillettes cèdent alors rapidement la place à la censure et au couperet mais les revendications perdurent et résonnent en chacun de nous”. – Théâtre le n0mbril du m0nde, Lyon 1er. Entrée libre. Réservation au 04.72.07.04.44 et sur www.lenombrildumonde.com
  • 5 février 18h30, Cinéma Gérard Philipe de Vénissieux – les associations YMMNE, Soleil des Quartiers, le CABV et le groupe DIRE portent un nouveau projet “Si j’étais..”. Celui-ci, lauréat de la Fondation SNCF, amènera à imaginer un autre monde où les rôles des hommes et des femmes sont inversés. Pour cette première action, en partenariat avec le cinéma Gérard Philippe, il s’agit de rentrer dans ce monde imaginaire à travers le film de Riad Sattouf. “Jacky au royaume des filles”. Un monde dans lequel les femmes gouvernent et les hommes s’occupent de leur foyer. Places gratuites sur inscription au 04-72-50-09-16
  • Du 6 au 9 février 2014 : Le Mondial des métiers de Rhône Alpes a pour thème l’égalité professionnelle, avec un stand dédié. Notons avec plaisir que cette année tous les métiers listés sur le site sont – enfin – déclinés au masculin et au féminin.
  • 7 février, 18h30 : Pourquoi ranger LA bicyclette dans LE garage ? De nombreuses langues du monde n’ont pas de genre. Pourquoi une langue comme le français s’encombre-t-elle alors de cette catégorie grammaticale ? Quel rapport entre la catégorie grammaticale du genre et les représentations des hommes et des femmes ? La Bibliothèque municipale de Lyon Part-Dieu vous convie à la conférence de Laure Gardelle, linguiste et membre de L’Institut du Genre. Entrée libre
  • Samedi 15 février de 16h à 18h, Lyon – Atelier Genre et Culture Numérique – Wikipédia : les femmes invisibles ? Sur Wikipédia, l’encyclopédie libre et collaborative, les articles dédiés aux femmes qui ont marqué l’histoire sont souvent incomplets, quand ils ont la chance d’exister ! Du côté des rédacteurs, une enquête a démontré que seulement 16% des contributeurs à Wikipédia étaient des femmes. Cette disproportion a-t-elle un effet sur la précision des articles ? Le savoir a-t-il un sexe ? Initiation à l’édition d’articles Wikipédia et mise en valeur des ressources dédiées au genre et aux femmes illustres : artistes, scientifiques ou cinéastes. . . – Organisé par Marguerin Le Louvier – Espace Numérique de la Bibliothèque de la Part-Dieu – 30 Boulevard Marius Vivier Merle – 69003 Lyon – Réservation à partir du 1er février, sur place ou par téléphone au 04 78 62 19 79
  • 25 février, 18h30, Bron – rencontre EgaliMois organisée par EgaliGone – Échanges sur les représentations des garçons, filles, femmes, hommes, dans les publicités – Inscriptions via contact[at]egaligone.com – Ouvert à tous les publics sur inscription.
  • Le 7 mars, le Conseil Général de l’Isère organise une après-midi dédiée à l’image des femmes dans les médias à Grenoble, à laquelle nous participerons.

Lecture du mois

Par Violaine. Quelle coïncidence ! Au moment de la sortie du film Jacky au royaume des filles, qui inverse les rôles hommes-femmes dans une comédie, je referme le livre Roman à l’eau de bleu, d’Isabelle Alonso, sorti en 2012. Dans ce roman visant à questionner le rapport entre les sexes, les femmes, grâce à leur capacité à engendrer la vie, dominent les hommes sur tous les plans. Eux sont occupés à les séduire, à grapiller quelques regards ou compliments, et à soigner la terre et cultiver gratuitement les jardins dans des espaces qui leur sont quasiment réservés pendant qu’elles occupent toutes les places de pouvoir. Décrivant un univers d’hommes-objets pleins d’espoirs déçus vivant dans le regard des femmes parfois cyniques, imaginant même une scène de viol inversée, Isabelle Alonso nous fait partager, dans une langue française un peu revisitée pour l’occasion, l’univers de Loup et de Kim, deux jeunes étudiants naïfs et attachants. Évidemment, inverser la domination montre l’absurdité d’un tel dessein : c’est parvenir à l’égalité qui est l’enjeu. Très intéressante fiction.

Langage : changeons nos habitudes

Chaque mois, nous faisons une proposition langagière émancipatrice, facile à mettre en œuvre… et gratuite !

Le mois dernier : Privilégier “La journée internationale pour les droits des femmes” à “La journée de la femme” 

Ce mois-ci : privilégier l’expression  “L’accord se limite au masculin” à “Le masculin l’emporte sur le féminin” 

Le moment de l’apprentissage des accords dans la langue française est souvent mémorable. Des enseignant·e·s nous ont raconté ce qui se passe régulièrement en classe lorsque la fameuse formule “le masculin l’emporte sur le féminin” est avancée : incompréhension, questions voire rébellion des filles, rires et sentiment de supériorité des garçons. Systématiquement clivage entre les deux catégories de sexe. Comment en serait-il autrement lorsque l’on émet une règle qui indique explicitement qu’un seul homme l’emporte sur des milliers de femmes dès lors qu’il est présent dans une foule de femmes ?

Les enseignant·e·s ont plusieurs possibilités, qui peuvent se cumuler. La première est de changer la formule en “l’accord se limite au masculin”, comme le recommande la brochure “L’égalité filles = garçons dès le plus jeune âge – Contribuer à une éducation égalitaire entre les filles et les garçons au niveau primaire – Enseigner le respect de l’autre” émise par l’Académie de Versailles en novembre 2012. Ceci a l’avantage de ne pas formuler la domination du masculin sur le féminin. Cela ne résout pas tout… Pour faire réfléchir les enfants à la possibilité d’envisager cette règle comme modifiable, l’enseignant.e peut rappeler que tous les pays francophones ne font pas évoluer cette langue de la même façon… et que cela n’a pas toujours été ainsi en France. Ainsi, des personnes revendiquent ou appliquent une règle qui a été appliquée longtemps : la règle de proximité (les hommes et les femmes sont belles). On peut indiquer aussi comment la langue évolue, quels sont les collectifs qui émettent les règles et comment ils sont reconnus/écoutés en France. Lire par exemple : Genre, le désaccord, par Anne Chemin, Le monde des idées, 04/01/12.

Ensuite nous pouvons recourir à la féminisation et la masculinisation des noms de métiers, au langage épicène/neutre (ex. : le monde étudiant), à la mise en visibilité des deux sexes dans les formulations dès qu’on parle de personnes dans un groupe mixte (les étudiant·e·s)… Chaque personne peut trouver son rythme dans les progrès à engager sur cette question. Surtout, lire cet excellent article d’Anne-Charlotte Husson : “Féminisation de la langue : réflexions théoriques et pratiques”.

Relayé via facebook en Janvier 2014

Quand les stéréotypes de sexe et les corps des femmes retouchés servent à vendre

Analyses et constats

Conséquences

Ressources pour agir

Éducation, enfance

Adultes

  • Riad Sattouf lance son missile « Jacky », polémique et hilarant, rue89.nouvelobs.com, le 19/01/14 : “Dans le film politiquement incorrect « Jacky au royaume des filles », les femmes sont au pouvoir dans une dictature inflexible qui renvoie les hommes au statut de reproducteurs et de décoration.”
  • Egalité professionnelle : l’homme est-il l’avenir de la femme ?, par Sandrine Chesnel, publié le 09/01/2014 – “Comment faire progresser la parité en entreprise? En rendant les hommes plus heureux ! C’est l’approche originale du mouvement Happy Men, lancé en 2013 par Antoine de Gabrielli, chef d’entreprise. Décryptage, alors que le Premier ministre présentait lundi 6 janvier la feuille de route 2014 du gouvernement en matière d’égalité hommes-femmes.”
  • Une passionnante conférence de 2011 à partager, par Annie Junter, juriste à Rennes et spécialiste des questions d’égalité professionnelle – Un point essentiel sur le vocabulaire et l’histoire de l’égalité : parité, mixité, diversité, égalité, discrimination… – “par convention européenne, on dit l’égalité entre les femmes et les hommes” – “Le contraire d’égalité, ce n’est pas différence” – “Le principe d’égalité vise à nous rendre indifférent·e·s à nos différences” – “Nous sommes différent·e·s mais semblables, car nous appartenons à l’humanité” – “Si c’est la première fois que vous approchez ces questions, sachez que vous en prenez pour longtemps, c’est irréversible. On ne peut plus s’en passer, on ne voit plus le monde de la même manière” -“il n’y a pas de pente naturelle vers l’égalité”…

Actions et ambitions ministérielles / institutionnelles

L’échelle de l’égalité ne se grimpe pas sans heurts…

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