Par Stéphanie Eynaud.

logo-ecole-deuxieme-chanceJ’ai pu assister, lors de la Quinzaine de l’Egalité 2015, en tant qu’invitée à un événement privé, à une représentation théâtrale du Théâtre du réel (Petites infamies) dans une école de la deuxième chance. La pièce a été jouée avec une actrice et un acteur que nous les appellerons Fatia et Léon.

Capture d'écran 2015-11-16 00.45.00Fatia accueille les élèves dans la salle et les invite à s’asseoir alors que Léon se glisse au milieu des étudiants et étudiantes âgé·e·s de 17 à 25 ans. L’actrice commence à parler au groupe et c’est à ce moment-là que le jeu théâtral commence réellement. Léon se met à siffler Fatia et va de plus en plus loin dans son manque de respect envers elle. Plusieurs saynètes s’ensuivent, qui abordent différentes thématiques : – le harcèlement verbale et physique ; – le féminisme radical ; – la soumission attendue de la femme lorsque le mari rentre du travail (lecture d’un manifeste) ; – la relation de couple…

Les élèves sont très réceptifs et réceptives à ce qui se passait dans la salle. Deux élèves, un garçon et une fille, ont par ailleurs beaucoup plus pris la parole pour nous livrer leur ressenti. Le garçon nous fait part de son propre idéal de couple : sa femme devra rester à la maison. Elle ne devra pas sortir et ne pas avoir de contact avec l’extérieur. Il énonce que même si il y aura un ordinateur et une télévision dans la maison il mettra des codes pour qu’elle n’y ait pas accès. La fille, elle, est en plein questionnement. Faire certaines tâches domestiques oui, mais parce que ça lui fait plaisir !

Le groupe s’interroge beaucoup sur la possibilité des filles et des femmes à se défendre. De manière générale l’assemblée pense que les filles ne sont pas à même de se protéger seules. Toutefois tous les garçons ne se sentent pas « capables » d’« aller se battre » car ils n’ont pas « la carrure ». Sont alors questionnés l’apprentissage et la pratique de sport de combat. La jeune femme qui intervient régulièrement pense que le problème finalement ce n’est pas tant de savoir se battre ou non, mais le fait que la violence ne résout rien.

Le jeune homme affirme aussi sa peur des autres. Il dit que ce n’est pas forcément qu’il n’aura pas confiance en sa future femme mais c’est qu’il n’a pas confiance en les autres.

Il évoque aussi la pression exercée sur les hommes. Il prend l’exemple du loyer qu’il devra payer car ce n’est pas à sa femme de le faire. Il dit que si un homme n’a pas de diplôme il peut aller sur un chantier pour subvenir aux besoins familiaux mais que peut faire une femme sans diplôme ? La réponse des filles du groupe et à l’unisson est alors : « le ménage » !!!

Le jeune homme fait preuve d’une certaine analyse de sa vision du couple et de son éducation. Il nous explique que pour lui on l’a élevé avec un modèle qu’il a intériorisé et que même si plusieurs personnes lui apportent une autre vision, il ne la changera pas du fait de ses origines.

En somme : une très belle performance théâtrale qui a mené à des échanges intéressants avec ces élèves ! La réflexion va continuer avec de nouvelles interventions auprès des jeunes.

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