Fille ou garçon, des stéréotypes en moins, des choix en plus
11 octobre 2016 – 14 oct. 2016, à l’ENS de Lyon, dans le bâtiment Buisson (accès direct au 19 allée de Fontenay ou accès via le site Descartes, 15, parvis René Descartes) 69007 Lyon
Mardi 11 octobre
Mercredi 12 octobre (début 9h30)
14h-16h30 – 4 ateliers en parallèle
Jeudi 13 octobre
Vendredi 14 octobre
“Polémique engendrée par l’expérimentation des ABC de l’Egalité promouvant un travail éducatif sur les stéréotypes de genre dès l’école maternelle, médiatisation du harcèlement de rue, controverses sur les risques que les couples homosexuels feraient encourir aux enfants dont ils revendiquent la procréation et l’éducation en famille : ces questions vives qui jalonnent régulièrement l’actualité soulignent combien il est aujourd’hui nécessaire que les Rencontres se penchent sur le poids de la variable « sexe » dans la construction sociale des jeunesses comme groupes d’appartenance, et dans l’élaboration socio-institutionnelle de leurs parcours d’autonomisation.
A la différence de la conception naturalisante d’un pôle féminin ou masculin, les sciences sociales conçoivent le genre à la fois comme un processus lié à des rapports de sexe et comme une identité évolutive qui caractériserait les sexes l’un par rapport à l’autre. Le sexe n’est donc pas seulement une variable explicative des comportements sociaux ou un critère d’identification de soi et des autres, il est plus généralement un principe de classement et de perception à travers lequel les acteurs sociaux interprètent leur environnement et leurs interactions.
Or les jeunesses, en tant que groupes affinitaires et sociaux et en tant que moments biographiques, éclairent d’un jour particulier l’élaboration des identités genrées et des rapports sociaux de sexe. D’abord parce que les représentations du féminin et du masculin en tant que catégories de pensée et de classement se construisent lors des primes socialisations, et c’est en famille, à l’école et entre pairs que garçons et filles intériorisent des manières d’être et de penser qu’ils/elles attribuent à chaque genre. Ensuite parce que l’entrée dans la sexualité active qui caractérise (entre autres rites initiatiques) la fin de l’enfance permet d’examiner la variabilité des normes qui encadrent les comportements sexuels des jeunes générations. On sait combien les trajectoires scolaires peuvent donner à voir des différenciations sexuées qui nécessitent de questionner la force des stéréotypes sur les choix d’orientation ou même les représentations de compétences sexuellement distinctes. L’insertion professionnelle, rendue plus difficile en conjoncture de fort chômage juvénile, est aussi parcourue d’inégalités de genre et mérite par exemple que l’on s’attarde sur les raisons comme sur les effets à moyen terme des autocensures – notamment féminines. Les engagements et les militantismes juvéniles traduisent aussi des « jeux de genre » qui permettent en partie de décrypter les positions et les trajectoires. Enfin, c’est bien parce qu’on a aujourd’hui conscience que la variable de sexe et le rapport de genre apportent un gain d’intelligibilité puissant à la lecture des régulations sociales que les politiques publiques qui s’adressent aux jeunes générations, examinent l’accès des deux sexes à l’espace public, à la consommation de services sociaux ou culturels, et tentent parfois d’atténuer le « gender gap ».
En s’attachant à dénaturaliser la perception des féminins/masculins et à examiner à la loupe les phénomènes de domination dans les relations entre groupes sociaux, la sociologie apparaît comme une discipline privilégiée lorsqu’on s’intéresse aux rapports sociaux de sexe – mais elle n’est pas l’unique discipline experte. Aussi les jeunesses méritent-elles d’être lues au prisme de la « valence différentielle des sexes » par les sciences sociales dans leur diversité – c’est en tous cas l’ensemble de ces regards ouverts à la pluridisciplinarité, que souhaitent convoquer ces huitièmes Rencontres. En outre, la richesse actuelle des travaux scientifiques sur les questions de genre permet aussi de décliner les questionnements par ailleurs récents sur l’intersectionnalité des identifications, sur l’émergence de revendications masculinistes, sur les recompositions de l’assignation de genre au regard des dominations de classe, de race et de sexe, sur les vicissitudes du gendermainstreaming, ou encore sur la place du genre dans les violences sexuelles. Pourront ainsi être abordées les diverses modalités selon lesquelles les jeunes « fabriquent » le genre et les conditions sociales, économiques, historiques, psychologiques des rapports sociaux de sexe au jeune âge – qu’il s’agisse des inégalités de rôles dans la famille, des relations entre pairs, des consommations culturelles, des trajectoires scolaires, de l’insertion sur les marchés du travail, des sexualités et des parentalités juvéniles, des dispositifs de représentation et d’égalité des droits…
Si l’attention porte ici davantage sur les jeunes engagés dans les rapports sociaux de sexe, il s’agira d’aborder trois aspects primordiaux : la socialisation primaire, l’expression des inégalités de sexe et les politiques publiques. Considérant plus précisément…
Ces pistes pourront être abordées à partir de différents points de vue théoriques et disciplinaires (sociologie, économie, psychologie sociale, histoire, géographie, philosophie, etc.) ; elles pourront aussi être abordées selon différents points de vue nationaux. Il s’agira, en somme, de favoriser une approche à la fois internationale et transdisciplinaire des représentations et des rapports sociaux de sexe. “
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