Par Violaine Dutrop

J’aurais pu écrire : Toutes les raisons d’aller voir l’expo, ou Pourquoi aller voir cette expo ?, ou Sais-tu que tu n’as que jusqu’au 30 septembre 2024 pour aller voir cette formidable expo ?

Le Rize a conçu cette exposition à partir de son fonds d’archives mais aussi de collectes de données (par exemple un micro-trottoir sur les hommes et les femmes, dont la restitution nous donne dès l’entrée une série de clichés bien persistants sur une toile déroulée). De nombreux publics scolaires y ont été accueillis jusqu’à présent. Comme à son habitude, le centre culturel met en valeur des figures, anonymes ou non, de la ville. Une trentaine de femmes, sur la centaine initialement sélectionnées, y sont mises à l’honneur. Il faudra vous déplacer jusqu’au Rize pour les avoir toutes en tête.

A l’entrée, à proximité de la toile déroulée évoquée, le concept de menace du stéréotype, établi en psychologie sociale, est exposé avec des chiffres à l’appui : il nous montre que non seulement les stéréotypes existent, mais qu’ils ont un impact sur nos comportements. Ainsi, selon qu’un exercice identique leur est présenté comme de la géométrie ou de la mémorisation, les filles et garçons réussiront ou échoueront de façon inversée ! (cf. aussi notre panneau sur la menace du stéréotype dans notre exposition EgaliJouets)

Dans un premier espace, le thème Visibles et invisibles aborde les représentations différentes des hommes et des femmes dans la presse (le magazine de la ville a longtemps fait sa une avec des femmes dans des activités ménagères) ou l’espace public (la toponymie, soit les noms des rues, compte 80% d’hommes pour 4% de femmes… les autres rues étant nommées d’une autre façon). A Lyon, Aucune station de métro ne porte le nom d’une femme, à Paris, seule la station Louise Labé porte celui d’une femme non accompagnée d’un homme.

On y apprend aussi, dans l’espace En politique, que l’ancien maire Lazare Goujon, avant les droits civiques accordés aux femmes, avait proposé l’élection de “conseillères municipales privées” (il contournait ainsi la loi qui leur interdisait la fonction), que quatre conseillères ont siégé ainsi au mandat suivant alors que Lazare Goujon a perdu l’élection, que l’une d’elles, Yvonne Chanu a témoigné en détail de cette expérience. Une rue porte son nom dans la quartier des Brosses de la ville. Connaissiez-vous Alice Vansteesberghe, médecin résistante emprisonnée à Montluc et torturée par Klaus Barbie en personne ? Elle a pu le reconnaître et a témoigné contre lui lors de son procès. Un parc porte désormais son nom à Villeurbanne. Dans l’espace Faire ses classes dédié à l’école, la non mixité des filières est abordée. Les belles illustrations représentant des élèves de lycées professionnels de Villeurbanne ont été créées par la muraliste Céleste Gangolphe qui accompagne toute l’exposition. D’autres femmes villeurbannaises sont mises en avant dans l’espace En responsabilités, dans celui dédié au Care (c’est l’occasion d’aborder la non mixité des métiers et la valeur minorée accordée à ces activités de soin). Il y a aussi des Artistes, comme la sculptrice Geneviève Böhmer, créatrice du buisson ardent (place Guichard à Lyon) et de “Karine… la petite fille qui urine trottoir” (cf. photos ci-dessus). Le sport n’est pas en reste, avec une nouvelle génération de sportives qui veulent – enfin combiner leur parentalité et leur sport, et qui attendent que l’équipe s’adapte et non l’inverse. Enfin, un panneau dédié à l’exil et au logement permet d’aborder le croisement des oppressions.

Et puis il y a des petits exercices, comme le partage de la charge mentale, où vous pouvez vous auto-évaluer…

Bref : allons tous et toutes voir et faire connaître cette expo !