Théâtre : “Pierre est un panda”
Ce jeudi 9 avril nous avons été convié·e·s au Théâtre Nouvelle Génération (Lyon 9ème) pour une lecture sur plateau de la pièce “Pierre est un panda” de Christophe Pellet.
Dans un langage simple et poétique, cette pièce aborde la question de la famille à travers les yeux de deux enfants d’une dizaine d’années. A la fois tendre et cruelle, elle questionne la construction de la masculinité et de la féminité dès la petite enfance. On y découvre Maria qui aime danser car lorsqu’elle danse « elle n’est plus ni fille ni garçon » ; elle se libère des contraintes sociales qui pèsent sur elle et que sa mère lui rappelle incessamment ; elle doit être douce et jolie pour trouver son « prince charmant ». Maria a du mal à trouver sa place dans sa famille, au milieu de ses trois grands frères bruyants et de son père qu’elle comprend de moins en moins. Heureusement il y a Pierre, son meilleur ami.
Pierre est un petit garçon délicat qui subit les critiques de ses camarades parce qu’il n’aime pas jouer au foot, parce qu’il est un peu solitaire et… parce qu’il a deux mamans. Lorsque la famille de Maria s’en rend compte, elle interdit à Maria de fréquenter Pierre. On voit alors la souffrance que cela va engendrer, aussi bien dans la famille de Pierre dont la maman a du mal à surmonter les insultes, que dans la famille de Maria qui se sent alors étrangère à sa propre maison.
Une belle pièce dédiée aussi bien aux enfants qu’aux adultes qui nous amène à nous questionner sur le genre et la diversité familiale. A l’issu de la pièce Violaine est invitée à intervenir en table ronde sur la thématique « comment le théâtre peut-il parler du genre aux enfants ». Anne Courel, metteuse en scène, explique à quel point parler du genre est difficile au théâtre, cela ne s’improvise pas, il faut pouvoir poser les bonnes questions auprès des adolescent·e·s pour ouvrir le dialogue. Contrairement à d’autres thématiques, le genre déclenche une suspicion auprès des adultes aussi bien parents que personnel enseignant, sûrement car cela nous renvoie à des choses profondément ancrées en nous. Le masculin et le féminin sont des repères qui peuvent rassurer, particulièrement dans notre société construite de manière si binaire. Mais cette pièce montre comment, en se rigidifiant, les stéréotypes associés aux hommes et aux femmes peuvent devenir une véritable prison et la source de beaucoup de souffrance. Cette binarité est exacerbée dans le monde des adolescent·e·s et quiconque ne se plie pas aux normes de la masculinité et de la féminité en subit rapidement les conséquences. Le théâtre est un outil très utile pour les amener à se questionner. Il permet de les accompagner progressivement tout au long de l’année et d’ouvrir un espace pour pouvoir exprimer leurs sentiments et leurs émotions. C’est un véritable travail sur soi que d’essayer d’interpréter un personnage. Le théâtre va être libérateur et permettre aux jeunes de s’émanciper de certaines de leurs contraintes sociales en les questionnant et les critiquant.