Par Violaine

Nous avions déjà vu, avec Elise, la première version de ce spectacle il y a quelques temps à Valence. L’initiative venait de la Délégation Départementale aux Droits des Femmes et à l’Egalité de la Drôme. Cette dernière avait eu l’idée de prolonger par un spectacle les sélections d’albums jeunesse réalisées par l’Atelier des merveilles qu’elle avaient soutenues (sélection 100 albums pour l’égalité entre filles et garçons, suivie de Pour bousculer les stéréotypes fille garçon : 92 albums jeunesse). Ces sélections proposent des ouvrages pour questionner les rôles sexués, débattre des inégalités, s’exprimer sur des injustices et des difficultés à se faire entendre et à prendre sa juste place… mais aussi certains albums qui permettent de se projeter dans des modèles émancipateurs.

Constitué de petites saynètes courtes et bien jouées donnant vie à des albums choisis par les comédiennes Caroline Malandran et Juliette Paire,  le propos du spectacle et sa forme nous ont bien sûr intéressé·e·s, si bien que nous avions proposé à la Compagnie Encorps de participer à notre événement Eduquer à l’égalité par le théâtre le 21 novembre dernier. Les deux comédiennes nous avaient donc interprété La révolte des Cocottes (d’Adèle Tariel et Céline Riffard, Editions Talents hauts), qui est en entrée du spectacle, pour notre plus grand plaisir !

2015-09-14-Défilles

La programmation de Défilles tout le mois de septembre dans le Vieux Lyon (voir informations) est donc une excellente nouvelle, et j’ai décidé d’y emmener un bout de famille… Et impossible pour les enfants de prétendre préférer une des histoires ! Il faut dire que les thèmes abordés sont variés et traités avec tendresse, humour et poésie : dure négociation du partage des tâches domestiques pour des figures féminines prises au piège des rôles de sexe, réactions aux injonctions à la minceur, difficile affirmation de soi dans la fraterie et nécessaire transgression, singularités et acceptation des corps, prise de conscience plus ou moins forte par les hommes de ce que vivent certaines femmes éventuellement proches, symbolique du langage (“je ne suis pas une poupée”), violences conjugales, stratégies de sortie de l’enfermement… Et le spectacle s’est enrichi d’une histoire mettant en scène un petit garçon qui vit le rejet de ses camarades parce qu’il aime le rose (il voit la vie en rose, lui dit sa mère, ce qui lui évitera de se confronter à des peurs bleues à la fin de l’histoire)…

Clôturant le spectacle, ce thème affirme ce qui ne paraît pas si clairement dans le titre : les souffrances subies du fait des stéréotypes de sexe peuvent bien sûr concerner filles et garçons, et tout la monde a à gagner à voir le monde plus large, plus grand, rempli de possibles !


Albums repris dans le spectacle :

La révolte des cocottes, d’Adèle Tariel et Céline Riffard, éditions Talents Hauts (accès à une fiche pédagogique créée autour de l’album )

Le débardeur rouge, de Sejung Kim, éditions Talents Hauts – chronique de Ricochet Jeunes

Jacotte, Arnaque !, de Géraldine Collet et Estelle Billon-Spagnol, éditions Hélium (lien vers une chronique de la mare aux mots)

Ma mère est une femme à barbe, de Raphaële Frier et Ghislaine Herbéra, éditions Frimousse – lire la chronique de l’atelier des merveilles

Madame le Lapin blanc, de Gilles Bachelet, éditions Seuil Jeunesse (personnellement, pour traiter le thème du partage des tâches domestiques, je préfère l’album d’Adela Turin Un heureux Malheur, qui propose une sortie très émancipatrice pour chaque figure. De plus, à la fin de l’album, elle ne s’appelle pas Madame la lapine blanche… ! Mais l’album est aussi l’occasion de reprendre Lewis Carroll et son lapin toujours très occupé…) – Lire un article de Ricochet jeunes

Les souliers écarlates, de Gaël Aymon et Nancy Ribard, éditions Talents Hauts – présentation

Brindille, de Rémi Courgeon, éditions Milan, lire un article de Melimelodelivres

Le petit garçon qui aimait le rose, de Jeanne Taboni Misérazzi et Raphaëlle Laborde, éditions Des ronds dans l’O, accès à une fiche pédagogique sur l’ouvrage