Témoignage de Mathilde, animatrice d’un atelier sur l’égalité entre les sexes
Après l’intervention, la réflexion…
Gaëlle Guyomard a questionné Mathilde Ettoumi, animatrice à la maison sociale Cyprian les Brosses de Villeurbanne. Après la mise au point d’un atelier avec Barbara d’EgaliGone, elle a participé à son animation le 13 juillet 2016 pour parler d’égalité des sexes avec des enfants au parc de la Feyssine.
Quelle a été votre action tout au long de la journée ?
J’animais le stand « Égalité Fille-Garçon ». Le matin, nous avons eu un premier groupe venant d’une classe d’un milieu assez aisé et les échanges étaient très variés ; le second groupe d’enfants était constitué de ceux avec lesquels on a plus l’habitude de travailler, et comme vous l’avez souligné ils se sont tout de suite mis les filles avec les filles, les garçons avec les garçons… Je m’en suis rendu compte par la suite : c’est souvent le cas dans les activités diverses, dans le bus… Il y a peut être un peu plus de mélange dans les activités sportives. Avec ce second groupe d’enfants il a fallu parler plus longtemps pour obtenir des discours plus égalitaires car leurs premières réactions étaient ultra-genrées ! Le 3e groupe c’était mes enfants du centre, et là j’ai pu noter que leurs discours n’étaient pas les mêmes, on sentait qu’ils ne voulaient pas décevoir, je les ai trouvés moins spontanés par rapport aux autres groupes ; ils étaient plus dans « je vais te dire ce que tu veux entendre ».
L’après-midi, j’ai laissé ma place à mes collègues et j’ai accompagné notre groupe à d’autres stands qui tournaient pas mal autour du sport, pour privilégier l’entraide et la discussion. Par exemple ils ont pu tester le vélo avec un bandeau sur les yeux pour se mettre dans la peau d’un aveugle, mais aussi le vélo tandem et à une pédale pour se représenter l’usage du vélo avec un handicap ; c’était bien fait !
Quelles étaient vos intentions de départ ? Ont-elles été satisfaites ?
Au départ ont était quand même dans le flou, on ne savait pas si les enfants allaient être réceptifs, et on été agréablement surpris. C’était intéressant la façon ludique que l’on a utilisée pour mener le stand : ils ont bien compris que c’était simple, ils ont bien participé, ils avaient des choses à dire sur le sujet, des expériences qu’ils ont vécues, que ce soit en tant que cibles de railleries ou émetteurs de railleries.
Quels sont vos ressentis concernant cette journée ?
Avant d’y aller j’étais dubitative. J’aurai apprécié plus d’explications sur pourquoi on se bat. Mais globalement les enfants étaient très contents, ils ne se sont pas ennuyés, ça allait assez vite, ils n’ont pas eu l’impression que c’était rébarbatif, de ce fait ça nous a satisfaites. Par contre, côté forum des différences ils n’ont pas saisi le thème de la différence, il manquait un temps d’explication sur le pourquoi de ce stand parmi les autres…
Quelles ont été vos difficultés ?
Les moments étaient trop courts, et pour une prise de discours à privilégier il aurait fallu plus de temps, ou sinon se concentrer sur un sujet plus restreint. Quant à mes collègues, je sais qu’ils ont été plus facilement en difficulté que le groupe du matin. Ils se sont retrouvés désarmés face à des propos homophobes ; ils avaient aussi peur de dire une bêtise, de transmettre leurs propres stéréotypes.
Est-ce que cette intervention a changé quelque chose pour vous plus personnellement ?
J’en suis sortie avec un enrichissement, oui : je fais plus attention à ce que les coloriages soient mixtes, à ce que l’accès aux différents jeux soient possibles pour tou·te·s et je réponds plus facilement aux questions des enfants.
Avez-vous pu observer des changements liés à cette intervention ?
Et bien, il y a plus d’enfants qui font des coloriages de princesses ! Mais il y en a eu un qui s’est caché – après c’est un « petit mec » alors ça se comprend – ; Il l’a fini et l’a ramené à la maison sans que ça pose de soucis.
Si c’était à refaire ?
Avec grand plaisir ! Mais peut-être plutôt sur une journée entière…
Globalement entre le travail en amont et sur le terrain vous avez été très présent·e·s pour nous aider, ça n’aurait pas pu se faire sans vous. Il n’y a jamais rien de mauvais à dialoguer, et votre approche qui favorise la prise de parole c’est une très bonne idée ! Je pense sincèrement qu’il n’y a rien d’autre à faire de mieux que de dialoguer.
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