Quelques chiffres pour appréhender les inégalités dans le sport
A l’occasion de la création de notre exposition EgaliSport, Charlotte Simon et Célia Régnard ont rassemblé quelques chiffres que nous vous livrons avant la sortie de l’exposition, qui aura lieu en juin 2018.
Pratique sportive des filles et des garçons jusqu’à 20 ans
Parmi les licencié.e.s de moins de 18 ans :
- le rugby compte de 97% de garçons et de 3% de filles licencié·e·s,
- la gymnastique est constituée de 22% de garçons et de 78% de filles licencié·e·s,
- le football comprend 96% de garçons et 4% de filles licencié.e.s,
- la danse représente de 7% de garçons et 93% de filles licencié.e.s,
- le judo est composé de 75% de garçons et 25% de filles licencié.e.s,
(Ministère des Sports, de la Jeunesse, de l’Education populaire et de la Vie associative, 2013).
Entre 12 et 17 ans, les filles sont plus nombreuses que les garçons à n’avoir jamais fait de sport en dehors des cours obligatoires d’EP à l’école. (Eurobaromètre, 2010).
Entre 14 et 20 ans, l’abandon de la pratique est plus important chez les filles (-45%) que chez les garçons (-35%) (Ministère de la Ville, de la Jeunesse et des Sports, 2014).
Par la suite, 26% des filles et 15% des garçons ne reprendront jamais d’activité sportive (Conseil de l’Europe, « Egalité femmes-hommes », Manuel de bonnes pratiques, n°2, 2011)
37% des femmes et 33% des hommes affirment qu’ils ou elles seraient chagriné·e·s que leur fille demande à être inscrite dans un club de foot (Enquête Mediaprism – Laboratoire de l’égalité, septembre 2011).
Taux de pratique d’activité physique ou sportive suivant l’âge et le sexe :
Pratique physique ou sportive des hommes et des femmes à l’âge adulte
65% des Français·e·s (France métropolitaine et DOM) âgé.e.s de 15 ans ou plus pratiquent une activité sportive au moins une fois par semaine (Enquête « Pratiques physiques et sportives en France », Centre National pour le Développement du Sport (CNDS), Direction des Sports et Institut National du Sport, de la Performance et de l’Expertise (INSEP), 2010).
Nombre des pratiquant·e·s de sports collectifs selon le sexe en 2010
Licences féminines par famille de fédérations en 2014 :
Dans son ouvrage Des femmes et du sport, Anne Saouter explique que « La raison en est que ces fédérations (multisports) proposent des pratiques tournées plus vers le loisir, la santé, le bien-être que vers la compétition. Les fédérations unisports ont pour la plupart la vocation compétitive très marquée et donc ont tendance à exclure les moins performants. Par conséquent, une grande partie des femmes s’en trouvent exclues ».[1] Les études montrent aussi que les femmes s’excluent généralement des environnements compétitifs et démonstratifs.
Répartition du nombre de licences sportives délivrées en 2015 selon le sexe et le type de fédération agréée :
Les fédérations multisports permettent de pratiquer différents sports relevant pour leurs règles des fédérations unisports comme l’union nationale du Sport scolaire (UNSS).[2] Les fédérations unisports organisent la pratique d’une seule discipline (par exemple la fédération française de volley-ball). Elles sont qualifiées « d’olympiques » si leur disciple figure au programme des jeux olympiques (gymnastique par exemple). Sinon, elles sont considérées comme non olympiques (cas de la danse).[3]
Les fédérations qui possèdent le plus fort ou le plus faible taux de licences féminines en 2015 :
En 1975, 38% des pratiquantes faisaient partie de la catégorie cadres supérieures-professions libérales, 9% à la catégorie ouvrières (Enquête Les femmes et le sport demandée par Françoise Giroud, alors Secrétaire d’Etat à la Condition féminine, 1975).
En 2000, 44% des agricultrices et 27% des ouvrières ne pratiquaient aucun sport, contre 4% des cadres et membres de professions intellectuelles supérieures (Conseil de l’Europe, Égalité femmes-hommes – Manuel de bonnes pratiques, n°2, 2011).
82% des Français.es réfutent l’opinion selon laquelle « certains sports ne sont pas faits pour les femmes » (TNS Sport, 2010).
Le rapport à la santé, au corps et à l’image
Selon près de 39% des adhérents à FirstAffair.fr[4], les footballeuses françaises « doivent avant tout afficher un corps athlétique, manifester une forte aura érotique (32%) et avoir de beaux yeux (20%) » (2010).
D’après plus de 19% des adhérentes à FirstAffair.fr, le footballeur français le plus sexy est Karim Benzema, Alou Diarra (10%) se place en deuxième position et Hugo Lloris (9,4%) termine le podium, 2012)
Alors qu’elle touche 2 à 5% des femmes en général, l’aménorrhée peut concerner jusqu’à 79% de sportives en fonction de la discipline pratiquée (Le Saint, 2016).
Les accidents de la vie courante concernent à : 38% les jeux et loisirs, activités les plus accidentogènes et concernant essentiellement des pratiques sportives, 22% des pratiques directement associées aux activités sportives.
Ainsi, 60% des accidents de la vie courante sont liés aux activités sportives et de loisirs
(Enquête permanente sur les accidents de la vie courante, Institut de Veille Sanitaire, 2006).
88% des 246 décès traumatiques liés à la pratique sportive concernent des hommes (Institut de Veille Sanitaire, 2010).
90% des 1 500 sportif.tive.s décédant chaque année par « mort subite » sont des hommes (Centre Hospitalier Universitaire de la Pitié- Salpêtrière, 2012).
Les performances des femmes et des hommes
Depuis trente ans, l’écart de performance entre les sportives et les sportifs s’est stabilisé à 10% en moyenne :
- 10% dans les épreuves de courses,
- 7% dans celles de sauts,
- 8% en natation,
- 7% en patinage de vitesse et 8% en cyclisme (Thibault Valérie, « Women and Men in sport performance : the gender gap has not evolved since 1983», Journal of Sports Science and Medicine, vol. n°9, 2010)
Il existe des exemples d’affrontement de sportives et sportifs de haut niveau :
- Match de tennis entre Billie Jean King et Bobby Riggs en 1973, avec la victoire de Billie Jean King[5].
- Combat d’une compétition officielle de boxe anglaise opposant l’américaine Margaret MacGregor et le canadien Loi Chow (victoire de Margaret MacGregor)[6].
Il y a aussi certaines sportives qui ont obtenu des meilleurs records lors de disciplines mixtes (voile, rallye, moto, formule 1, équitation)[7].
La représentation des sportifs et des sportives dans les médias
À l’écran, la représentation des sexes est de 83% d’hommes et de 17% de femmes dans les programmes sportifs (CSA, Baromètre de la présence des femmes, 2014).
Les articles de L’Equipe traitent à 91,1% d’hommes et à 8,9% de femmes ; Le Monde consacre 8,8% à la pratique féminine et 91,2% à la pratique masculine dans ses rubriques dédiées au sport (Delorme et Raul, 2010).
Dans la presse écrite, le sport féminin représente en moyenne 16% du volume occupé par les pages sportives…et celles-ci ne représentent que 1% du nombre de pages dans la presse féminine. Et encore, dans les magazines féminins, la pratique sportive est en général abordée sous l’angle de la forme » (Broucaret, 2013).
« Le nombre de téléspectateur.trice.s français.es ayant suivi la finale du Mondial de rugby féminin 2014 a été de : a. 24 000 ; b. 2 millions ; c. 375 000 »[8].
« Le nombre de téléspectateur.trice.s français.es ayant suivi la finale du Mondial de rugby masculin 2014 a été de : a.280 millions ; b. 1 milliard ; c. 3,2 milliards ». (280 millions est le nombre de personnes ayant regardé le match en ligne ou sur un appareil mobile, 1 milliard correspond aux téléspectateur.trice.s ayant suivi le match 20 minutes et 3,2 milliards celles et ceux l’ayant vu au moins 1 minute.)
Inégalités de sexe dans les postes occupés dans les métiers du sport et dans la pratique sportive à haut niveau
Quel est le pourcentage des montants investis en France par les 100 premiers sponsors dans des sports féminins ? a. 3% ; b. 17% ; c. 37% »[9].
Proportion femmes-hommes dans le sport de haut niveau
Proportion femmes-hommes au sein des instances dirigeantes des fédérations sportives
Source : Communiqué du 4 août 2017, réseau Egal Sport
D’après le communiqué du 4 août 2017 du réseau Egal sport, il y a une forte progression de la place des femmes au sein des instances dirigeante de 35 fédérations olympiques d’été. Il reste néanmoins encore de fortes inégalités.
En France, la présidence de ligues et comités régionaux du mouvement sportif est assurée à 12,2% par des femmes et à 87,8% par des hommes. (Ministère des Affaires Sociales, de la Santé et des Droits des Femmes, Chiffres-clés, 2015).
D’après la direction des sports (Janvier 2013),
- Il y a 19,3% de femmes parmi celles et ceux qui ont obtenu le brevet d’éducateur sportif 1ier degré/DEJEPS.
- Il y a 12,1 % de femmes parmi celles et ceux qui ont obtenu le brevet d’éducateur sportif 2ième degré/DESJEPS.
- Il y a 44,6% de femmes parmi celles et ceux qui ont obtenu le BPJEPS sport.
[1] Anne Saouter, Des femmes et du sport, Payoy, 2016
[2] Insee / mission des Études, de l’Observation et des Statistiques (MEOS) au ministère en charge des sports (site : http://www.jeunesse-sports.gouv.fr, rubrique « statistiques »)
[3] Insee / mission des Études, de l’Observation et des Statistiques (MEOS) au ministère en charge des sports (site : http://www.jeunesse-sports.gouv.fr, rubrique « statistiques »)
[4] Site de rencontres ayant fait voter ses adhérents pour élire la joueuse de l’équipe de France de football la plus sexy.
[5] Anne Saouter, des femmes et du sport, Payot, 2016, p97
[6] Ibid, p98
[7] Ibid
[8] Question tirée du quiz proposé dans : BOCCARD Patrick, Les femmes ne sont pas faites pour courir, Belin, Paris, 2015, 71 pages.
[9] Question tirée du quiz proposé dans : BOCCARD Patrick, Les femmes ne sont pas faites pour courir, Op.