L’Institut EgaliGone part à la rencontre d’autres intervenant.e.s de l’égalité pour que vous puissiez les identifier (peut-être y en a-t-il près de chez vous ?), mieux les connaître et les solliciter. Voici une toute jeune association romanaise, L’ébullition, créée trois semaines avant l’entretien que nous avons eu avec l’une des deux intervenantes, Pascale Guirimand.

Propos recueillis par Manon Comacle pour L’Institut EgaliGone le 25 mars 2013

Manon Comacle : Quel est le projet de l’Ebullition ? 

Pascale Guirimand : L’ébullition est une association d’éducation populaire qui a pour objectif de faire reculer les discriminations sexistes et homophobes en s’appuyant sur des outils d’éducation non formelle (théâtre forum, débats ludiques, projections).

L’association propose trois types d’actions :

  • des interventions en milieu scolaire  pour travailler à l’égalité filles/garçons
  • des ateliers de formation à destination des professionnel.le.s de l’éducation, de la petite enfance et de l’animation socioculturelle dans le but de développer une réflexion et des outils pour une éducation non sexiste
  • des interventions lors d’événement publics (soirée/débats, projections de films) ou au sein de structures, journée d’échanges entre parents, formation des bénévoles associatifs, à la demande d’un groupe, pour interroger nos représentations, partager nos expériences pour construire plus d’égalité entre filles et garçons, femmes et hommes.

Cette année, nous intervenons dans plusieurs établissements scolaires romanais soit sur demande de professeurs qui ont noté des propos ou des violences sexistes dans leur classe soit pour accompagner la projection d’un film. Par ailleurs, nous travaillons actuellement avec la fédération des centres sociaux de Drôme-Ardèche pour former les animatrices et animateurs des deux départements. Nous souhaiterions former également les autres professionnel.le.s de l’éducation de notre Région et organiser des ateliers/débats ouverts au grand public.

M.C. : Comment se passent les formations et les interventions en milieu scolaire ? 

P.G. : Concrètement, nous travaillons à partir des représentations des personnes (« Qu’est-ce que ça vous évoque, le féminin ? Le masculin ? ») et de l’étude de supports (ouvrages de littérature jeunesse, publicités…) afin de faire prendre conscience des stéréotypes sexistes et de travailler la question des inégalités hommes/femmes.

Les outils mobilisés (brainstorming, débats mouvants, projections, etc.) dépendent de l’intervention et du contexte. Nous utilisons beaucoup le théâtre forum pour mettre en scène des situations de discriminations sexistes et, à partir de ces scènes, on essaie de trouver des solutions collectivement (quelqu’un.e peut prendre la place d’un.e comédien.ne pour montrer ce qu’il/elle aurait fait à sa place). Nous aimerions développer davantage d’autres outils inspirés du théâtre forum, par exemple le théâtre image, ainsi que l’outil radio (micro trottoir, passer des petits bouts d’émissions…).

Dans l’idéal, les formations pour adultes durent 1 ou 2 jours et les interventions en milieux scolaires sont des cycles de plusieurs séances afin d’avoir le temps de partir des représentations des élèves et faire un travail de qualité.

M.C. : Comment est née L’ébullition ? 

P.G. : L’association La Fourmilière, basée près de Die dans le sud de la Drôme organisait des séjours pour les enfants et ados, ainsi que des interventions artistiques en milieu scolaire. A travers leur pratique, les salarié.e.s ont identifié la nécessité de développer des actions autour de l’égalité fille-garçon, mais ne trouvaient pas le temps de s’y consacrer.

Camille Clochon et moi-même avons été contactées pour y réfléchir. Nous avions en effet été formées à ces questions par Virus 36, une association grenobloise. En juin 2012, nous avons donc pris en charge le développement de cet axe, en tant qu’ « animatrices intervenantes ». Malheureusement, depuis La Fourmilière a du mettre la clé sous la porte. Nous avons donc créé une nouvelle association, L’ébullition, basée à Romans pour travailler à plus d’égalité filles/garçons via des interventions en milieux scolaires et des formations pour adultes et des débats.

M.C. : Pouvez-vous nous en dire plus sur vous-même et Camille Clochon ? 

P. G. : Nous avons toutes les deux une formation en sciences politiques à Sciences Po Grenoble et étions animatrices dans des structures d’éducation populaire. De mon côté, j’ai travaillé en radio et  pratiqué le théâtre forum. Camille avait de l’expérience et des outils pour intervenir en milieux scolaires sur ces questions d’égalité et d’éducation à la sexualité.

M. C. : Quelles sont les modalités de fonctionnement de L’ébullition ? 

P. G. : Pour l’instant Camille et moi sommes bénévoles de l’association mais nous espérons pouvoir devenir très prochainement salariées de l’association, dès que ce sera possible financièrement.

Nous démarchons les établissements scolaires, les associations, les collectivités locales.

Cette année, l’association a reçu des subventions de la DDCS pour les interventions en milieu scolaire. L’année prochaine, nous demanderons notamment des financements du Conseil Général et de la Région pour intervenir dans les collèges et les lycées.

Le CA de notre association nous apporte tout son soutien dans le développement de l’association.

M. C. : Sur quel territoire intervenez-vous ? 

P.G. : Nous intervenons en Drôme-Ardèche et plus largement dans la Région Rhône-Alpes. Mais il nous arrive aussi d’intervenir dans d’autres Régions. Par exemple, nous allons prochainement intervenir dans le Limousin car deux crèches nous ont demandé d’animer la formation pour leurs salarié-e-s.

M.C. : Quels sont les retours, les modalités d’évaluation ? 

P.G. : Il n’y a pas vraiment encore de modalité d’évaluation, car l’association est très jeune. Il n’y a eu que deux formations professionnelles (avec un bilan oral). Les jeunes quant à eux reçoivent un questionnaire, avec des questions ouvertes (comment vous êtes vous senti….). Globalement, nous avons de très bons retours directement des personnes concernées à l’issue des formations.

M.C. : Avez-vous des anecdotes à partager avec nous ? 

P.G. : Je n’ai pas vraiment d’exemples qui me viennent immédiatement. Il arrive que les gens disent « waouh on n’avait pas conscience de ça ». Et aussi, lors d’un bilan suite à une journée de formation, quelqu’un s’est écrié « Mais est-ce qu’on va vraiment y arriver ? »

M.C. : Comment vous contacter ? 

P.G. : Association L’ébullition – 14, place du chapitre – 26 100 Romans – 06 84 43 41 76 – 04 75 45 96 55 – asso.ebullition[at]gmail.com – N° SIRET : 792 556 458 00018 – Organisme de formation  (Numéro en cours d’obtention) – www.asso-ebullition.fr