Sexualité, adolescence et consentement : une étude du CRIPS souligne l’asymétrie
Cécile Boukabza a assisté à une conférence-débat du CRIPS intitulée “Entrée dans la sexualité à l’adolescence et consentement : enjeux pour les intervenant·e·s en milieu scolaire” (dont l’annonce est en lien ici), le 12 octobre 2015 à la mairie du 4ème arrondissement de Paris. Voici son retour en partage.
Une partie de cette conférence a consisté en la présentation de l’étude réalisée par le CRIPS IdF (Centre Régional d’Information et de Prévention du Sida) et l’INJEP sur le consentement dans la sexualité à l’adolescence par ses auteur.e.s. Il s’est agi d’analyser le traitement et la compréhension du concept de consentement au cours de séances d’éducation à la sexualité auprès de classes de fin de collège et lycée grâce à des observations en séance et des entretiens auprès de jeunes et d’animateurs/trices. Il a été rappelé que cette thématique, souvent traitée d’un point de vue juridique ou philosophique, a peu fait l’objet d’études en sciences sociales bien que cette décision soit un arbitrage individuel et collectif (conditionné par un contexte et des normes sociales). Le poids des stéréotypes et des inégalités de genre est ici manifeste.
Cette étude montre que la responsabilité du consentement est laissée aux filles : les garçons sont considérés comme étant dans tous les cas consentants et à l’origine d’une proposition qu’une fille peut accepter (mais surtout refuser si elle ne veut pas être stigmatisée). Le garçon est donc à l’origine du « jeu » auquel la fille doit s’opposer suffisamment (pour ne pas être vue comme une « fille facile ») mais pas trop pour ne pas risquer d’effrayer/lasser le garçon (qui est perçu comme ne consentant à une relation sentimentale que dans le but de parvenir à des relations sexuelles). Les jeunes filles interrogées ont ainsi fait part d’une stratégie de mise à distance des rapports sexuels (« elles retardent le plus possible », « elles gagnent du temps ») en acceptant différentes formes de « préliminaires » qui permettent de faire patienter les garçons.
La question du désir et du plaisir est unilatérale : l’étude évoque la fréquence des rapports « cédés », c’est-à-dire consentis « pour faire plaisir à son partenaire » et la permanence de l’idée de « devoir conjugal » à mettre en lien avec l’ignorance du viol conjugal. La question du consentement, la possibilité de répondre « oui » ou « non » à une sollicitation, est abordée quasi-exclusivement avec les filles ; avec les parents, cela est encore souvent limité à une mise en garde (« attention, tu peux dire non, tu n’es pas obligée »). Les filles sont donc poussées à se penser et se comporter de façon passive, à la disposition d’un garçon. Cette asymétrie est perceptible dans le fait que le terme de « consentement » n’est jamais utilisé par les adolescent.e.s, au contraire de sa déclinaison au féminin « consentante ». Ces normes perpétuent donc des stéréotypes enfermant les garçons dans le rôle de « prédateur » (sexuellement) actif et les filles dans celui d’objet davantage que de sujet actif.