Par Anne et Julie

Nous avons été sollicitées pour participer à l’animation d’un « Café-Philo / Chocolat-Débat » sur l’égalité femme/homme, organisé notamment par la coordinatrice Unesco du collège, Hélène Leone, ainsi que par des professeur·e·s impliqué·e·s sur cette question avec leur classe. L’idée était de faire travailler les élèves de 5ème et 3ème par petits groupes autour de l’égalité avec des problématiques à creuser. Plusieurs partenaires et acteurs/trices lyonnais·e·s ont été associé·e·s en amont, ce qui a permis une grande diversité d’intervenant·e·s présent·e·s pour l’accompagnement des élèves : le Centre Associatif Boris Vian de Vénissieux (CABV), représenté par une salariée et trois jeunes femmes en mission Service Civique ; deux représentant·e·s de l’équipe de football féminine lyonnaise de l’Olympique Lyonnais ; des parents invité·e·s par l’assistante sociale du collège et nous, Julie et Anne d’EgaliGone. Il y avait une soixantaine d’élèves participant·e·s. L’équipe pédagogique nous a accueilli·e·s avec un café ou un chocolat chaud et les élèves avaient apporté des gâteaux et des biscuits qui ont permis un côté convivial et sympathique pour tou·te·s les présent·e·s.

Plusieurs présentations ont eu lieu durant la matinée. Tout d’abord, il y a eu la lecture et la mise en scène de l’extrait de la pièce Une maison de poupée d’Henrik Ibsen (dramaturge norvégien du XIXème siècle) par les 3ème, ainsi que l’énonciation d’une problématique liée à cette pièce. Ensuite, une professeure de français a lancé le débat un demandant aux élèves si les femmes étaient égales aux hommes selon eux/elles. Plusieurs élèves ont contribué en donnant leurs avis et des anecdotes variées. Afin de creuser différents aspects de l’égalité entre les sexes de manière plus sérieuse, les élèves ont été réparti·e·s en petits groupes de six sur dix grandes thématiques (une par table) : la famille, le travail, la science, la musique, l’orientation/l’avenir, le sport, les vêtements, la maison, les publicités et les femmes dans l’art.

Au milieu de la discussion en groupe, il y a eu la présentation d’un sujet autour du football où il a été question de l’équipe féminine lyonnaise. Les élèves étaient invité·e·s à poser des questions après l’intervention. Un élève a demandé pourquoi les billets pour les matchs de foot féminin ne sont pas aussi chers que ceux du foot masculin. Helene Dugelay qui est responsable de la billetterie pour le Club a répondu qu’il y a du travail à faire au niveau de la promotion du sport féminin pour donner davantage envie au grand public de venir assister aux matchs. Au final, elle a affirmé : « qu’il s’agisse du football féminin ou masculin, tout ce qui compte est la passion. »

Nous avons ensuite présenté l’association EgaliGone avec un rappel de la devise républicaine et le fait que la liberté et l’égalité sont imbriquées pour arriver à une situation où tout le monde devrait avoir la même liberté d’agir, de choisir ses activités et ses métiers tout au long de la vie. Une courte présentation des jouets qui sont très souvent catégorisés par sexe dans l’offre commerciale a été exposée et critiquée avec la participation des élèves. Enfin, l’équipe du CABV a présenté le travail des services civiques autour de l’enjeu d’invisibilité des femmes dans l’Histoire et leur manque de reconnaissance, qui les amènera à créer une exposition sur le sujet qui sera diffusée dans les collèges et lycées.

Pendant le temps de travail en groupe, ils/elles devaient parvenir à « faire sortir » leurs stéréotypes, tenter de trouver des solutions possibles aux inégalités, puis progressivement inventer un ou plusieurs slogans aboutissant à un dessin humoristique. Les dessins seront ensuite repris, retravaillés, puis envoyés au journal local de Vénissieux Expressions dans le cadre d’un concours au niveau national pour le 8 mars 2017, journée internationale des droits des femmes.

 

Témoignages des deux membres d’EgaliGone qui ont participé à l’évènement

Julie, en service civique à EgaliGone :

J’ai été agréablement surprise par la concentration et le sérieux que les élèves ont su adopter tout au long de cet événement. Ils et elles ont fait preuve d’écoute, de respect et de bonnes réflexions sur le sujet. Certes, parfois ils et elles ont cité des stéréotypes mais cela est compréhensible. Certain·e·s jeunes étaient très à l’aise avec la prise de parole auprès des professeur·e·s et leurs pairs et l’expression des idées a surpassé la hauteur de mes attentes, surtout pour des 5ème. Par exemple, deux filles à la table qui abordé le harcèlement de rue ont développé une bonne réflexion pour éviter ou stopper les situations gênantes que peuvent vivre des filles en particulier. Elles ont proposé l’idée d’instaurer plus de solidarité et d’entraide entre filles quand une situation se pose dans la rue. Ils et elles ont conclu que dans la situation idéale les filles et les garçons peuvent choisir leur propre expression vestimentaire sans jugement d’autres personnes.
Je trouve que ce type d’événement fait sortir des élèves de leur cadre quotidien habituel pour les faire travailler un sujet qui les concerne tout au long de la vie. C’était également intéressant de voir s’établir une véritable coopération entre les 3ème et les 5ème au sein de chaque table, les plus agé·e·s ayant à cœur d’encadrer et d’inciter au débat autant que des adultes présent·e·s. Au final, il s’agissait de semer des graines de réflexions et d’analyse critique sur un sujet transversal important pour tout·e·s.

Anne, référente du pôle Veille et Partage, future stagiaire à EgaliGone :

Cet atelier avait été particulièrement bien organisé. C’était très motivant de voir que le collège s’impliquait à ce point sur ce sujet : une des professeur·e·s avait travaillé avec ses élèves sur l’égalité des sexes pendant deux ans.
Dans mon groupe, les élèves devaient aborder le sujet de la famille, notamment sous l’angle de la répartition des tâches ménagères ainsi que sur les activités et loisirs des enfants. On nous avait remis au début de l’atelier deux feuilles, l’une montrant des statistiques sur la répartition des tâches ménagères et une ancienne publicité pour la lessive, l’autre montrant l’affiche du film Billy Elliot. Même si les élèves ont eu un peu de mal à comprendre le rapport entre les deux feuilles, nous avons réussi à sortir de bonnes choses de notre débat : les tâches ménagères doivent être réparties à 50/50 entre les femmes et les hommes (les quatre élèves étaient tou·te·s d’accord avec ça), et même si les parents ont le droit de donner leur avis sur les loisirs de leur enfant, c’est à l’enfant de choisir ce qu’il ou elle veut faire indépendamment de son sexe. Les élèves ont proposé qu’on fasse de la publicité et des messages récurrents dans les médias pour inciter tout le monde à partager les tâches ménagères et à faire des loisirs traditionnellement classés « de l’autre sexe ». Nous avons créé le slogan « On a échangé nos parents », en référence à l’émission « On a échangé nos mamans », et dessiné une femme lavant une voiture et un homme faisant la vaisselle, pour montrer que tous les rôles étaient possibles.

Je pense que l’atelier a été enrichissant pour les élèves, même si on aurait pu imaginer qu’il y ait plus de temps pour approfondir le débat. Pour le prochain évènement de ce type, je pense aussi qu’il serait intéressant qu’il y ait plus de personnes encadrant les élèves : j’avais un élève turbulent à ma table que je ne parvenais pas à recadrer malgré l’aide de l’équipe du collège. Je suis certaine que s’il y avait eu un·e autre adulte à ma table, les choses auraient pu se dérouler dans le calme. En tout cas, c’était une belle réussite : voilà de quoi inspirer d’autres établissements !