La très bonne lecture de “Dégenrer, ça vous dérange ? 18 situations pour déjouer les stéréotypes de genre et agir en faveur de l’égalité fille-garçon a été partagée en réunion de membres EgaliMois. Les participant·es ont été unanimes pour qu’une fiche de lecture soit partagée sur notre site. La voici !

Autrices : Sophie COLLARD et Doriane MEURANT GROS, qui oeuvrent au sein de l’association Artemisia, un bureau d’études et un organisme de formation spécialisé dans la promotion de l’égalité femmes/hommes, basé à Toulouse. Elles accompagnent les professionnel·le·s des crèches, des écoles et les parents sur les questions de lutte contre les stéréotypes de genre.

Illustratrice : Emmanuelle TEYRAS

Maison d’édition : Solar.

Première édition 2021.


Comment déjouer les stéréotypes de genre et agir en faveur de l’égalité fille-garçon ?

Vous savez, ces stéréotypes qui enferment les filles et les garçons dans des cases dès la plus tendre enfance et ce jusqu’à l’âge adulte, les empêchant de faire des choix éclairés tout au long de leur vie ?

Ces choix qu’iels devraient faire, non pas en fonction de leur sexe biologique, mais bien en fonction de leurs centres d’intérêt et de leurs envies. Mais si ! Les stéréotypes de genre du quotidien qu’on ne voit pas, au sein des institutions d’accueil comme les crèches ou l’école ou au sein même de la famille… !

Alors, comment les déjouer ces stéréotypes de genre ?

Et bien, c’est la question que pose cet ouvrage qui nous invite à chausser les « lunettes de genre » afin de les rendre visibles puis de les analyser, de les comprendre pour au final, mieux les déjouer.

À travers dix-huit scénettes d’apparences anodines, les autrices de Dégenrer ça vous dérange ?, nous font  prendre conscience des stéréotypes de genre qui ont lieu au quotidien et de leurs conséquences possibles sur les individus, filles comme garçons (puis femmes comme hommes).

Tout au long de l’ouvrage, nous suivons les mêmes personnages que l’on retrouve dans diverses situations : en famille, lors des relations parents-enfants, à la crèche, à l’école, etc. Et même parfois, on peut ne pas voir tout de suite où est le problème.

Puis dans un second temps, les autrices font une analyse de la situation, c’est le moment du :

« Qu’est ce qui se joue ? ». Cette rubrique permet de rendre visible la problématique d’une situation. Par exemple, lorsque deux enfants jouent au foot  (Inès et Sofien) et qu’une maman, évidemment bien intentionnée, insiste pour que sa petite fille se fasse recoiffer pendant la partie (ce qui a le don d’agacer cette dernière d’ailleurs). Inès se doit donc (déjà !) d’être féminine y compris durant les jeux moteurs et Sofien lui, devra être viril sous peine de déchoir…

Pour éclairer le lecteur ou la lectrice, les autrices apportent aussi des éléments théoriques comme les étapes de la construction de l’identité sexuée ainsi que des statistiques. Toujours en lien avec la situation précédente, il est indiqué que 65% des enfants complimenté·es sur leur apparence sont des filles. En effet, on accorde plus d’importance à l’apparence des filles, à leurs vêtements ou à leurs coiffures. On apprend également que, sur quatre enfants encouragé·es, trois sont des garçons.

Éclairant, non ?

Concernant les injonctions à la virilité, qui peuvent présenter des avantages de pouvoir et de domination, les chiffres donnés par les autrices font froid dans le dos. En effet, les hommes représentent 75% des morts sur la route, 92% des personnes qui se tuent en 2 roues,  92% des conducteurs responsables d’accidents mortels avec un taux illégal d’alcool dans le sang, 96,1 % des détenus, 80 % des morts par overdose,  etc.

 Et oui, les garçons puis les hommes sont aussi victimes des stéréotypes de genre et ont tout à gagner à les combattre aux côtés des femmes.

Dans la démarche, les autrices font enfin attention à ne pas tomber dans le piège de viser à contourner tous les stéréotypes, ce qui serait d’après elles tout bonnement impossible. En revanche, elles nous encouragent à essayer le plus possible d’être à l’écoute des besoins et attentes des enfants et ne pas s’auto-flageller quand on n’y arrive pas. Les stéréotypes sont parfois puissamment ancrés.

Ce que j’ai aimé :

. La simplicité des situations et le fait de rendre visible ce qui ne l’est pas. L’accompagnement bienveillant des lecteurs/trices et l’aspect pédagogique : beaucoup de chiffres et de statistiques. Ce qui est parlant.

. Les autrices ont des convictions mais elles tiennent aussi compte du fait que tout le monde ne part pas du même point en matière de stéréotypes de genre.

. Les pistes d’actions : le fait d’encourager les lecteurs/trices à échanger avec les enfants lorsque cela est nécessaire, échanger avec les adultes qui s’occupent de nos enfants comme les enseignant.e.s, donner des pistes de lectures…

. Coup de cœur : l’analyse et les commentaires faits sur le film « la Reine des Neiges ». Le visionner sera toujours possible mais avec un regard plus éclairé et donc plus « libéréééééé, délivréééééé » !

Stéphane Coux, membre d’EgaliGone depuis 2021.