Lolita Rivé a été journaliste, puis est devenue professeure des écoles il y a quelques années. Elle a enregistré les séquences d’éducation à la vie relationnelle, affective et sexuelle qu’elle a mises en place avec ses élèves de CM1 et en a fait un formidable podcast en cinq épisodes hébergé sur Binge Audio dans Le cœur sur la table (Victoire Tuaillon). Il s’appelle C’est quoi l’amour maîtresse ? Elle y raconte sa démarche, ses questionnements et tâtonnements, et interroge différentes personnes spécialistes de tel ou tel sujet. Tout est à écouter attentivement bien sûr, d’autant que les ressources sont nombreuses, dans le podcast, mais aussi sur la page de Binge Audio du podcast. Dans l’épisode 5, elle aborde les stéréotypes de genre et la nécessité d’agir à l’école pour les débusquer et les prévenir, afin de construire une culture de l’égalité. Le pédopsychiatre Serge Hefez, à qui elle a ouvert son micro, insiste sur l’importance, pour les bonnes relations entre les enfants, leur ouverture comme l’équilibre et la liberté de chacun·e, de banaliser dans le cadre scolaire la possibilité d’être “plutôt féminin pour un garçon et plutôt masculin pour une fille si ça lui chante”.

Chaque année, Lolita Rivé demande à ses élèves le métier qu’il leur plairait d’exercer. Pour l’instant, elle n’a jamais eu de garçon voulant devenir maîtresse, ni de fille footballeuse. C’est, nous dit-elle, que peu beaucoup de modèles sont là pour les inspirer. Elle prend l’exemple des instituteurs qui ne sont que 17% dans le primaire. Or, tant que les métiers du soin et de l’éducation seront désertés par les hommes et mal rémunérés, on aura du mal à changer ces idées préconçues, l’histoire se répètera, avec dans les couples hétérosexuels des hommes qui majoritairement sont ceux qui ont une carrière, qui gagnent le plus et qui s’investissent moins que leurs compagnes dans la parentalité. Si la mixité professionnelle à l’école, pourtant nécessaire, est loin d’être en place, et que la formation de toutes les équipes est encore un projet plus qu’une réalité générale, Lolita Rivé liste toutefois huit pistes concrètes à la portée des enseignants et enseignantes.

“Huit choses assez simples à mettre en place dans votre école” :

  1. En maternelle, mélanger les espaces de jeu pour inciter les enfants à jouer à tout. Par exemple, mettre le coin cuisine à côté du coin Lego et les appeler coin maison, coin construction.
  2. Dans la cour, proposer des jeux peu genrés, comme des échasses, des tricycles, ou des plots d’équilibre. Et limiter la pratique du football à deux jours par semaine, pour partager l’espace.
  3. En sport, favoriser la mixité et encourager les filles en leur montrant qu’elles sont capables, et ne pas évaluer seulement la performance mais aussi le geste technique, le respect des règles, le fairplay et la coopération.
  4. En classe, interroger alternativement une fille et un garçon et se montrer plus strict·e avec les garçons qui interrompent.
  5. Dans le travail, stimuler les filles autant que les garçons. Elles ont aussi sûrement plus de capacités que ce qu’elles montrent.
  6. Dans toutes situations, encourager les garçons à prendre soin, de leur cahier, de leurs affaires, de la propreté de la classe mais aussi à prendre soi des autres.
  7. Dans les manuels ou les histoires, si l’on rencontre des stéréotypes de genre, prendre le temps de les déconstruire avec les élèves, en leur posant des questions.
  8. Dans les relations, arrêtons de demander aux garçons et aux filles qui jouent ensemble s’ils et elles sont amoureux : ça les met mal à l’aise et ça dissuade les enfants de se mélanger et de construire des amitiés.

Ecouter le podcast C’est quoi l’amour maîtresse ? sur Binge Audio