Nina Bouteille, en stage au sein d’EgaliGone depuis mars, nous fait partager sa synthèse de lecture du chapitre « Education populaire et loisirs : recherche mixité désespérément ? » in Jean P. François, Mixité filles-garçons : réussir le pari de l’éducation, ERES : 2011, Coll. Education et société, p. 165-192.

Il peut exister deux types de positionnements face à l’éducation des jeunes enfants consistant soit à laisser les enfants faire leurs expériences pour découvrir le monde, soit à se mettre en posture d’enseignant·e pour en faire de bon·ne·s c

itoyen·ne·s.

Le bon équilibre serait de vivre en s’instruisant et de s’instruire avec d’autres, car il semble important de prendre en compte le respect de l’autonomie (individu·e) ainsi que le respect des lois (citoyen·ne).

« Résistance et obéissance, voilà les deux vertus du citoyen. Par l’obéissance il assure l’ordre ; par la résistance il assure la liberté. »  nous dit Alain  (Jean P. François, 2011, p. 165).

Le rôle de l’école est important mais pas suffisant, il existe un besoin de l’environnement social dans son ensemble pour construire un·e enfant.

C’est ainsi le rôle de l’éducation populaire qui « peut se définir comme un projet de démocratisation de l’enseignement porté par des associations dans le but de compléter l’enseignement scolaire et de former les citoyens » (Geneviève Poujol, p.166).

 

  • Au cours du XXème siècle, l’un des buts des militant·e·s de l’éducation populaire est de montrer les avantages de la mixité filles-garçons, plutôt dans le milieu du loisir que dans le milieu éducatif. Différentes activités sont ainsi proposées, tant pour les filles que pour les garçons, et désignées comme des « moments forts et enrichissants de coéducation ». Les animateur·trice·s doivent faire face aux résistances des parents (« qu’en est-il de la toilette et de la nudité ? ») et leur expliquer les avantages de la mixité.

 

  • Dans les années 1950-60, les professionnel·le·s de l’animation connaissent une difficulté à mettre en avant une éducation laïque : cela s’avère enrichissant car cela demande de s’interroger sur leur pratique. Cela confronte aussi aux rôles et aux stéréotypes qui conditionnent les relations entre les hommes et les femmes, chez les animateur·trice·s comme chez les enfants. La construction d’une éducation mixte doit être « réfléchie et obstinée » car elle est longue et parfois contraignante.

 

C’est une évidence qui se propage aussi dans le milieu scolaire, soutenue par ses militant·e·s, instituteur·trice·s pour la plupart : « les questions et les tensions éternelles réapparaissent régulièrement, toujours profondément ancrées et fortement prégnantes ». Ce phénomène demande toujours une meilleure communication entre animateur·trice·s, professeur·e·s et parents pour rassurer. Il est important d’essayer de comprendre le milieu social et familial de l’enfant dans une « volonté de clarification rassurante ».

  • La proposition de temps « non-mixtes » apparaît comme une solution transitoire et nécessaire, pour reconnaître que la mixité n’est pas pertinente tout le temps et partout, que si elle est « mal maîtrisée elle peut entraîner crispations, rejets et régressions ».

Il est important de pouvoir se poser dans un premier temps sans la présence de l’autre sexe qui induit obligatoirement du jugement, une forme de dépendance vis-à-vis du regard de l’autre étant généralement encouragée. Il faut pouvoir se demander « qui suis-je, moi ? » avant de se dire « qui sommes-nous, ensemble, moi parmi elles et eux ? ». L’intérêt, notamment pour les femmes est de « se libérer de toutes sortes de dépendances pour agir en tant qu’êtres libres et non pas en femmes soumises ».

Dans les quartiers populaires particulièrement, le pari est de réussir à rassembler différentes cultures tout en prenant en compte les spécificités de chacun·e, sans les ignorer.

La mixité fédère dans les quartiers, où les hommes et les femmes vivaient avant de se côtoyer  côte à côte dans l’indifférence. Bâtir un champ d’action commun montre l’étendue des possibilités, et la richesse des séjours « hors les murs » est aussi mise en avant.

Enfin, des stéréotypes sont associés aux compétences sportives, c’est donc aussi un travail pour les centres sociaux, maisons de quartier etc. de déconstruire et rassurer l’environnement familial des enfants pour permettre aux filles une intégration dans les milieux sportifs dits « masculins » avec la constitution d’équipes mixtes.