La bibliothèque verte, c’est pas pour moi
Contexte : un supermarché, rayon livres jeunesse, juin 2013, banlieue de Lyon
Protagonistes : Un père et sa fille de 7-8 ans, une cliente.
L’anecdote, racontée par la cliente :
Le père : Regarde ce qui te plairait et je reviens.
La petite fille, apparemment perturbée, hésitante, regarde les pages de couverture des livres de la bibliothèque verte (qui représente deux fois la surface de la bibliothèque rose dans le rayon). Elle sort) quelques livres, le temps de voir leur couverture de plus près, et les replace aussitôt. Elle ne regarde rien dans la bibliothèque rose.
Le père, arrivant : Alors, tu as fait ton choix ?
La petite fille : Ben non, papa, je ne peux pas choisir un livre de la bibliothèque verte ! Regarde, ils sont tous pour les garçons…
Le père : Et bien ce n’est pas grave, prends autre chose si ceux-là ne te plaisent pas.
La cliente (n’y tenant plus…) : Excusez-moi, mais je suis curieuse de savoir ce qui indique à votre fille que ces livres sont pour les garçons… ?
La petite fille : Ben, ça se voit sur la couverture !
Voici le type d’images et de thèmes qu’elle y voit (extrait du site http://www.bibliothequeverte.com/)
Le père : Mais elle va choisir dans une autre collection, quelque chose qui sera adapté à… son âge.
Questions et réflexions :
Le père, la quarantaine, avait peut-être en tête le temps où Le club des cinq, Alice, Michel, Les soeurs Parker… étaient de mémoire en bibliothèque verte. Ce temps où le niveau de lecture et l’âge faisaient la couleur est bien révolu ! Maintenant, la couleur, les graphismes, les thèmes sont destinés à l’un des deux sexes. Et vers 8 ans, on le sait déjà.
Cette petite scène dit quelque chose sur ce que cette petite fille pense a dans sa tête et a des conséquences pour elle non ?
Comment reconnaît-elle que ces livres sont destinés aux garçons ?
S’autorise-t-elle à aller y chercher une histoire qui lui plairait ?
Comment réagit son père ?
La conforte-t-il dans la croyance que cette collection n’est pas pour elle ?
Comment justifie-t-il l’idée d’aller chercher ailleurs ? Avec quels arguments ? Invoque-t-il ouvertement le fait que ce soit destiné aux garçons ? Essaie-t-il de lui ôter cette idée de la tête ?
Quelles en sont les raisons possibles ?
Que retiendra la petite fille de cette anecdote ?