Pour chaque année d’activité et jusqu’à aujourd’hui, nous avons sélectionné un événement important pour l’association, une réalisation ou production particulière, ainsi qu’une intervention marquante. Pour 2016, nous mettons à l’honneur d’abord une importante journée d’action destinée à l’éducation socio-culturelle le 22 novembre dans le cadre du festival Brisons le silence, puis la restitution d’un passionnant échange de pratiques entre acteurs et actrices de l’animation enfance et jeunesse, et enfin notre action de formation inscrite au plan de formation de l’Académie de Lyon.


L’EVENEMENT : la Rencontre départementale de l’égalité filles-garçons, du 22 novembre 2016

L’association Filactions, dans le cadre du festival Brisons le silence, a co-organisé avec nous cette journée qui a eu lieu à la MJC Monplaisir de Lyon 8ème, avec le soutien et la collaboration de la Délégation Départementale de la Délégation Rhône de la DRDJSCS ainsi que la Direction Régionale aux Droits des Femmes et à l’Egalité.

Le matin, un échange de pratiques ludique, destiné aux professionnel·le·s de l’éducation qui avaient participé à l’une de nos formations depuis 2014, a réuni 27 personnes. Des situations significatives récurrentes, proposées en amont au Lien Théâtre, ont permis aux comédien·ne·s d’élaborer des saynètes pour des jeux de rôles avec des résolutions à trouver ensemble. Nos partenaires ont participé avec enthousiasme aux ateliers !

L’après-midi, la Rencontre départementale de l’égalité filles-garçons, avec Elise Vinet (psychologue sociale) et Yves Raibaud (géographe) a réuni… 144 personnes dans la salle le Karbone de la MJC ! Son thème : “Questionner le rôle des acteurs et actrices de l’animation et de l’éducation populaire pour prévenir dès l’enfance les inégalités filles-garçons”. 

Quel était le programme ? D’abord, les rapports entre mixité, non-mixité et égalité dans l’animation, avec des témoignages, puis un duo d’interventions sur le thème « De l’entre-soi féminin ou masculin à l’ambition de mixité dans l’animation, comment aller vers l’égalité ? » avec les universitaires Elise Vinet pour l’entre-soi féminin, et Yves Raibaud pour la construction du masculin. Ensuite, focus sur la façon dont la reproduction des inégalités peut aboutir aux violences de genre, à partir des temps et espaces de loisirs. La projection du court-métrage Espace d’Eléonor Gilbert a introduit le sujet : une petite fille décrit les inégalités de genre à l’œuvre dans la cour de son école. Marion Ghibaudo (Filactions) a ensuite abordé « La violence de genre dans les interactions adolescentes », puis Yves Raibaud et Elise Vinet ont apporté des éclairages sur le thème : « Espaces publics, comment la ville et l’accueil de loisirs produisent-ils des rapports inégalitaires entre les sexes ? »

Enfin, le Lien Théâtre a joué son spectacle« Vous m’agressez la parole » pour terminer la journée par une question : les jeunes d’aujourd’hui sont-ils plus violent·e·s qu’hier ?

Photo Lien Théâtre, “Vous m’agressez la parole

Violaine Dutrop : « Je me souviens que j’étais à la fois excitée et stressée tellement cette journée était ambitieuse. L’équipe d’organisation (multipartenariale), réunie mensuellement, très impliquée, a été entraînée par l’énergie bienveillante et positive de Natacha Lacroix-Baudrion, qui a énormément investi de son temps et cru dans notre action associative depuis le départ ! Il y a eu aussi cette intense séance d’improvisation à la MJC de la Duchère, lieu de résidence du Lien Théâtre, dirigé par la rayonnante Anne-Pascale Paris dont j’admire le travail autant que l’humanité. Et puis les réponses immédiatement positives et enthousiastes d’Elise Vinet et d’Yves Raibaud qui ont même assisté à notre matinée, pour se mettre dans le bain avant leurs pertinentes interventions de l’après-midi. Nous avons démarré en retard le matin, car Marion et moi étions bloquées dans un embouteillage…, mais heureusement Sylviane André (Directrice de la MJC) avait pris en main l’accueil, le temps de nous laisser arriver, penaudes mais soulagées de pouvoir commencer par un jeu de rencontres que Marion avait concocté… Et puis il y a eu l’enthousiasme et les questionnements des professionnel·le·s de l’éducation et de l’animation, qui ont témoigné, partagé leurs doutes et leurs propositions, leurs expériences et leur envie de participer à construire cette égalité qui n’est pas encore vraiment là… Nous avions saisi l’occasion, ce qui est une nécessité absolue, de parler de certaines violences comme découlant directement d’inégalités de genre largement admises. Une très belle journée, puisque se sont rencontrées des personnes qui avaient envie d’agir ou agissaient déjà et d’autres qui proposaient de les y aider un peu… »


LA PRODUCTION : La restitution de l’échange de pratiques du 10 décembre 2015

A l’initiative de Natacha Lacroix-Baudrion (DRDJSCS) et de Violaine Dutrop, une première matinée d’échanges a eu lieu entre responsables socio-culturel·le·s, à la MJC Monplaisir de Lyon 8ème. La rencontre avait réuni 8 des 24 personnes jusque-là formées aux sessions “(Se) former et sensibiliser à l’égalité filles-garçons” financées par la DRDFE et la Délégation Départementale du Rhône de la DRDJSCS.

Voici son Compte-rendu en ligne, que nous avons rédigé, corrigé, complété, partagé, puis mis en ligne… le 14 novembre 2016, parce que mieux vaut tard que jamais !

Violaine Dutrop : « Nous avions demandé aux participant·e·s des premières sessions de quoi la suite pourrait être faite, idéalement. L’approfondissement des échanges entre personnes investies sur le sujet était en tête de liste, car le sentiment de solitude est parfois fort en structure, si toute l’équipe n’a pas suivi la même formation… Nous n’avons pas déroulé tout le programme, mais ce que chaque personne a pu partager a été d’une grande valeur pour le groupe. Natacha avait un très gros rhume. Elle a tenu je ne sais pas comment, obstinée qu’elle était, vaillante et engagée, à tout noter sur l’ordinateur pour ne pas perdre une miette de ce qui se disait (d’où le très bon compte-rendu !). Ma prise de notes au tableau aurait été bien insuffisante à elle toute seule même. Ayant assisté à toutes les formations, elle avait saisi où en était chaque personne, et s’assurait de la fluidité des prises de parole autant que de l’apport de réponses aux questions qui se posaient. Pour moi cette matinée a aussi été l’occasion de mieux me rendre compte de ce qui se joue après la formation, des contextes très variés dans lesquels exercent ces professionnel·le·s et des actions très diverses mises en place. Les entendre échanger ce jour-là, sur leurs difficultés comme sur les facteurs de réussite de leurs actions, m’a confortée dans ce que je savais déjà : comme ces métiers ont du sens, comme ils sont beaux et importants ! »


L’INTERVENTION : La formation « Fille-garçon : l’école face à la mixité & à l’égalité » élaborée pour les équipes éducatives de l’Académie de Lyon

A l’initiative de Florence Bourgeois-Fioriti du SAIO (Service Académique d’Information et d’Orientation, Rectorat de Lyon), que je remercie à nouveau pour sa confiance fidèle et son investissement sans faille pour l’égalité des sexes, nous avons conçu une formation destinée aux personnels éducatifs du secondaire catégories A et B. Dans le détail (mais cela n’entrait pas dans les cases !), cette formation s’intitulait « Mixité, égalité : quelles perspectives face à une socialisation encore différenciée ? » et était inscrite au Plan Académique de Formation de Lyon. Les différentes sessions ont réuni chacune entre vingt et vingt-cinq personnes.

Violaine Dutrop : « Je vais partager quelques souvenirs mais je ne me rappelle plus à quelle date ni dans quelle session ! D’abord, Barbara Perazzo, Yzza Akhatar et Julie Douglas ont collaboré à certaines étapes de ces actions avec moi. L’animation était plutôt interactive, en présence de Florence Fioriti. Prévoyant une réflexion continue sur l’orientation scolaire différenciée des élèves et le rôle de l’école dans la résolution de cette situation, elle interrogeait les effets de la mixité et ceux de la non-mixité.

Je me souviens en particulier que très peu d’hommes se sont inscrits à ces sessions (ce qui a été déploré par leurs collègues) et insuffisamment de personnels de direction et d’enseignant·e·s (les pôles orientation, santé-social et vie scolaire étaient les plus représentés ; j’ai personnellement regretté que cette formation n’ait pas pu être ouverte aux assistant·e·s d’éducation). Dans l’une des sessions, ils devaient être trois ou quatre hommes sur environ vingt participant·e·s. L’un d’entre eux prenait beaucoup la parole ; il semblait au fond de lui un peu bousculé, comme remis en question personnellement (et mal à l’aise en minorité), même s’il s’affirmait être engagé pour l’égalité. J’éprouvais des difficultés à le canaliser parce qu’il voulait réagir sans cesse. Dans l’après-midi, il s’est davantage mis en écoute. En fin de journée, il a remercié le groupe pour les témoignages de ses collègues qui lui avait appris, grâce à cette accumulation de vécus, que le sexisme atteignait finalement toutes les femmes. Il a ajouté que les filles et les femmes dans leur ensemble avaient « de bonnes raisons d’être en colère » et qu’il verrait les choses d’une autre façon désormais. Un de ses collègues était resté au contraire très silencieux toute la journée, réfléchissant, opinant et écoutant, n’intervenant qu’au moment des propositions de solutions, pour partager des pistes pédagogiques égalitaires. Le contraste était saisissant. Chaque personne est à une étape différente de son chemin… 

Mon deuxième souvenir porte sur la conclusion d’une des participantes en fin de journée. Elle avait jusque-là ciblé ses actions éducatives et son intérêt sur la place des filles dans les filières où elles sont très faiblement représentées. Elle découvrait qu’elle pouvait aussi interroger utilement la socialisation des garçons, pour les aider à exprimer tout le spectre de leurs émotions et à envisager de nouvelles projections professionnelles, comme celles du soin ou du lien, de l’éducation et du social, afin que TOUTES les filières deviennent plus mixtes et plus ouvertes. »


Autres retours sur les années passées :

Cristelle Font, témoin déjà citée, a notamment participé en 2016 à une session de la formation évoquée dans la lettre de 2015… Elle se souvient :

« Le moment le plus marquant a été le visionnage d’une vidéo d’auxiliaire de crèche qui montre les attitudes différenciées en fonction du sexe du bébé tant au niveau du vocabulaire ” IL est fort// TU es belle” et de la manière de s’occuper du bébé. C’est à ce moment-là que j’ai pris conscience que la différenciation dans l’éducation commençait dès la naissance de l’enfant dans les toutes premières interactions avec l’enfant. Les mises en situation de cas vécu par les participant.e.s dont une situation particulière touchant des adolecent.e.s, montrent que les résolutions ou l’avancée des problématiques ne sont pas si simples. Il n’y a pas de solutions miracles mais il nous faut être attentif.ve à l’environnement, au public. Quelquefois passer par de la non mixité permet de préserver une meilleure égalité. Je me suis dit, tout de suite après la formation, l’importance de multiplier ce type d’intervention pour mobiliser le plus de monde possible, penser les temps éducatifs proposés aux enfants dans un contexte d’égalité de genre pour faire avancer les choses. J’ai même évoqué auprès de mes collègues l’importance de suivre cette formation courte de 2 jours, afin d’ouvrir son champ de réflexion sur ce sujet. La résistance est quelquefois dure à combattre, comme pour le sujet du féminisme… Un “gros mot” que ce mot. Comme parler d’égalité de genre pour certaines personnes qui catégorisent ces intentions ou engagements comme de l’extrémisme. Ne s’agit-il pas de rétablir une situation déséquilibrée subie ? Juste de faire bouger les lignes pour voir les choses d’un autre point de vue, un point de vue plus juste et moins déterminant ? Il y a encore de la route à parcourir, me suis-je dit ! Et EgaliGone nous accompagne sur cette route. »

Quant à Philippe Armand (Petits Pas Pour l’Homme), il évoque à propos de l’événement Théâtre évoqué dans notre lettre 2014 à la MJC Monplaisir « Une diversité et une richesse d’acteurs, de professionnels tous animés d’un même engagement. Un chouette lieu, une belle salle ». Et à proposd’EgaliGone, il ajoute : « Une référence en la matière ! Je n’ai de cesse de parler de vous quand on m’interpelle sur des thématiques Egalité ». Merci Philippe !!


Si vous avez manqué nos 5 dernières publications sur http ://egaligone.org, les voici :