Pour chaque année d’activité et jusqu’à aujourd’hui, nous avons sélectionné un événement important pour l’association, une réalisation ou production particulière, ainsi qu’une intervention marquante. Pour 2019, voici un zoom sur : 1) Nos rencontres membres intitulées EgaliDév, qui visaient à développer et partager nos compétences d’intervention auprès de nos publics, 2) Les résultats d’une enquête menée sur les effets de nos formations à l’égalité sur les pratiques éducatives et enfin 3) Nos interventions en table ronde auprès de parents réunis à la Mairie de Lyon 6ème par l’association Les Zenfants du 6.


L’EVENEMENT : 6 rencontres EgaliDév à Locaux Motiv’

Alors que Locaux Motiv’ s’engageait dans des travaux de réaménagement du lieu, nous avons engagé un cycle de développement des compétences internes axées sur l’intervention auprès de nos différents publics. Cette initiative croisait à la fois l’envie de transmettre nos pratiques après quelques années d’animation et le souhait annoncé par de nouvelles membres de se positionner en intervention pour EgaliGone ou de se nourrir de différentes expériences pour enrichir leurs propres pratiques d’animation dans leur cadre professionnel (auprès d’élèves du secondaire, d’enseignant·es, etc.). Le petit groupe une fois constitué s’est rencontré six fois en 2019, plus ou moins au complet, dans différents espaces plus ou moins en travaux à Locaux Motiv’ (et même au Parc Blandan un jour de beau temps !). Au programme, sélection de séquences animées et réinterrogées par le groupe pour améliorer leurs contenus, leurs modalités ou discuter de leurs effets. A l’issue de ce cycle, quelques séquences ont fait l’objet d’une description partageable (déroulé, méthode, etc.) qui seront bientôt en ligne ou feront partie du référentiel de pratiques d’intervention de membres ou d’ex-membres d’EgaliGone qui sera élaboré en 2020… !

Violaine : « Ces séances m’ont permis de me confronter aux difficultés et aux apports de la transmission. Elles ont été l’occasion pour moi de formaliser plusieurs pratiques que je n’avais pas pris le temps de mettre à plat (j’ai ainsi appelé R.A.S.E.R. une méthode séquentielle d’analyse de situation en travaillant à sa transmission). Je me suis aussi rendu compte grâce au groupe que certaines illustrations de contenus, que j’animais sous une forme participative, pouvaient faire l’objet d’une séquence à part entière (ma façon d’expliquer la menace du stéréotype par exemple). Même si ce n’est pas terminé, des améliorations de certaines animations sont en route, grâce à l’expérience de participantes sur les dynamiques de groupe et l’usage du jeu dans l’animation. Enfin, forte du partage de notre situation « La chaîne de vélo », Annie a pu se lancer, en co-animation avec Marion plus expérimentée, dans l’animation de cette situation éducative auprès de volontaires en service civique réuni·es par l’AFEV pendant le cycle EgaliDév. Que du positif, donc ! »


LA PRODUCTION : Les effets de la formation à l’éducation égalitaire sur les pratiques éducatives – Une enquête menée par Pauline Laguens-Doré

Pauline, peux-tu partager le contexte de cette enquête et ses principaux résultats ?

« Cette enquête a été réalisée dans le cadre d’un travail de recherche sur les effets de la formation égalitaire sur les pratiques éducatives dans le champ de l’animation. Elle visait aussi à nourrir un bilan de 10 ans d’existence sur les effets de la formation par EgaliGone. Au départ nous avions prévu d’animer un échange entre professionnel·les en même temps que la diffusion d’un questionnaire élaboré avec Violaine Dutrop. Cette rencontre n’a pas pu être réalisée donc nous avons décidé de diffuser le questionnaire par voie numérique.

Cette recherche part du constat que le champ de l’éducation populaire, et plus spécifiquement celui de l’animation, est porté par des valeurs fortes. Des valeurs de respect, d’égalité, d’entraide et de solidarité. Or nous voyons sur le terrain que les inégalités entre filles et garçons sont omniprésentes (activités genrées proposées par les équipes d’animation, création des groupes d’enfants selon leur sexe, champ lexical stéréotypé utilisé, etc…). Une fois ce constat posé, cette enquête a pour but de voir s’il y a un changement des pratiques une fois que les équipes se sont formées à des modules égalitaires proposés par l’association EgaliGone.

Dans la création du questionnaire, nous avons prévu des apports de commentaires, de façon à accueillir une parole libre et ainsi obtenir des témoignages bruts tout en ayant des réponses permettant d’établir des tendances (en utilisant donc des questions fermées). Nous avons toujours essayé de mêler ces deux éléments.

Les réponses ont montré que le déclic des inégalités filles garçons s’est souvent fait lorsqu’on a donné des situations concrètes dans les formations. Les professionnel·les ont alors été choqué·es de réaliser qu’ils et elles reproduisaient ces inégalités et ces stéréotypes quasi quotidiennement avec les enfants alors qu’avant la formation cela ne les heurtait pas particulièrement. Ces formations ont permis aux participant·es de se sentir légitimes pour interroger les valeurs des organismes éducatifs qui les employaient. Une fois que ces professionnel·les ont réalisé l’écart entre la théorie et la pratique de terrain, ils et elles ont demandé plus de cohérence et des actions concrètes au sein de leurs structures. Cette action leur a aussi permis de ne pas se sentir seul·es face à l’observation de ces inégalités. Cela leur a procuré de la force pour agir et a suscité leur désir d’aller plus loin en continuant à se former ou en proposant des formations au reste des équipes.

Enfin, ces formations semblent leur avoir permis de verbaliser un sentiment d’impuissance face à l’ampleur de la tâche. Cela a pu se traduire par du découragement, une impression de solitude ou la sensation de pas savoir par quoi commencer.

Pour moi personnellement, cette recherche m’a permis de me rendre compte de l’importance de la formation dans le changement des pratiques. Elle a nourri mon envie de continuer à m’engager dans ce sens car c’est selon moi une clef essentielle pour changer les mentalités et mener des actions éducatives permettant à chaque enfant de se sentir libre dans son unicité. J’ai adoré lire les témoignages et vivre à travers les mots les émotions et les déclics qu’ont suscité·es ces formations. Je compte continuer à m’engager au quotidien et tresser ma vie personnelle, professionnelle et militante. »

Que représente EgaliGone pour toi aujourd’hui ?

« Pour moi, EgaliGone est et était, à l’époque où j’ai rejoint l’association, un espoir et un levier d’action. L’espoir de pouvoir enfin avoir des armes pour faire évoluer les mentalités et bouger les choses pour l’égalité fille garçon. C’était aussi un endroit ou je pouvais ne pas me sentir seule dans la lutte pour cette égalité, un endroit de partage et de rencontre. Je recherchais des personnes avec qui partager mon indignation face aux inégalités de sexe dans le champ de l’éducation et je voulais si possible agir en faveur de cette égalité. J’ai trouvé avec EgaliGone des personnes soucieuses de partager leurs savoirs et leurs connaissances ainsi que des outils et documentations qui me servent quotidiennement dans mon combat pour l’égalité. »


L’INTERVENTION : Le 6 juin 2019, participation, aux côtés de l’universitaire Muriel Salle, à une table ronde organisée par le collectif de parents Les Z’enfants du 6.

Deux membres d’EgaliGone, Marion Erouart et Violaine Dutrop, ont pris la parole lors de cette soirée, intitulée « Éducation fille-garçon : halte aux stéréotypes et à l’auto-censure ».

Extrait de l’affiche de communication élaborée par Les Zenfants du 6

Marion Erouart, doctorante en psychologie sociale, avait préparé une présentation des savoirs dans se discipline qui peuvent être utiles pour comprendre et lutter contre les discriminations. Quant à Violaine Dutrop, présidente fondatrice d’EgaliGone, a proposé aux parents des pratiques concrètes et des postures parentales adaptées au développement d’une culture de l’égalité des genres et des sexes. Son texte « Comment aider nos enfants à échapper aux conditionnements sexués ? » est partagé en ligne sur notre site internet.

Quel souvenir particulier vous revient à propos de cette rencontre ?

Marion Erouart : « Je me souviens d’une salle pleine – et de beaucoup de stress pour moi – et intéressée. L’évènement était familial, beaucoup d’enfants étaient présent·e·s. Tout le monde était très à l’écoute lors des trois interventions. Ce qui m’a marquée c’est la participation des enfants à la suite des présentations : je me souviens notamment de cette petite fille – qui devait avoir moins de 10 ans – qui a posé une question en prenant appui sur ce qu’elle vivait à l’école. »

Violaine Dutrop : « La préparation de cette intervention, comme à chaque fois que j’interviens pour un public de parents, m’a permis non seulement de rassembler et synthétiser des propositions concrètes à partir de différents travaux universitaires, mais de réinterroger mes propres postures parentales, puisque j’ai trois enfants moi-même. C’est toujours l’occasion d’apprécier si je suis « alignée » ou pas, ce qui n’est pas toujours évident ni à faire ni à regarder en face ! Il y avait quelques hommes, mais la plupart des adultes étaient des femmes. Plusieurs enfants ont effectivement participé aux échanges, ce qui a été très chouette. Puis, à l’issue des questions-réponses qui ont eu lieu après nos trois prises de parole, nous avons vu arriver différentes personnes qui souhaitaient prolonger. Les échanges ont continué sur le trottoir puisque la salle devait être fermée et pour certaines personnes autour d’une glace dans le quartier ! » 

Quels effets cette intervention a-t-elle eus pour vous ?

Marion Erouart : « C’est une des premières fois où j’intervenais devant un public de « tout-venant » aussi fourni, or la vulgarisation de concepts scientifiques n’est pas très évidente. Ça a été très positif puisque les personnes étaient à l’écoute et plutôt bienveillantes dans l’ensemble. »

Violaine Dutrop : « J’avais tenté de proposer différentes postures parentales en structurant mon propos… et je suis ravie que cette réflexion se retrouve dans une des ressources que nous allons présenter à l’occasion des dix ans d’EgaliGone (en cours de reprogrammation). Sans doute qu’elles vont alimenter une animation sous forme d’une sorte de jeu de l’oie. Son effet est donc tangible pour moi, car j’apprécie beaucoup de partager et de réutiliser ce que nous faisons à EgaliGone, éventuellement sous de nouvelles formes ! »


Si vous avez manqué nos 5 dernières publications sur http ://egaligone.org, les voici :


Enfin, en ces temps de risques sanitaires élevés, l’incertitude est notre compagne quotidienne… Dès que nous saurons quand reprogrammer notre fête d’anniversaire, vous en serez bien sûr informé·es !